Joe Biden a du pain sur la planche en Europe
Pendant son premier séjour à l’étranger, le président aura fort à faire pour rafistoler le leadership international américain, sévèrement amoché par son prédécesseur.
Dès sa sortie de l’avion, Joe Biden a fait faire un grand pas à la diplomatie américaine en montrant que le porte-parole des États-Unis n’est plus un nationaliste autoritaire mégalomane cherchant à mobiliser l’attention en bousculant les normes et en reniant les engagements historiques de son pays.
Pas mal, mais ce sera néanmoins difficile de convaincre alliés et adversaires qu’on peut dorénavant prendre les États-Unis au sérieux en politique étrangère.
Un leadership en lambeaux
Il n’est pas faux que les doutes sur la solidité du leadership américain existaient déjà avant l’entrée en scène de Donald Trump.
Pourtant, en reniant cavalièrement l’accord de Paris sur le climat, en claquant la porte de l’OMS en pleine pandémie, en cherchant à monnayer bassement l’engagement des États-Unis envers ses alliés, en abandonnant la promotion des valeurs démocratiques et en s’écrasant devant Vladimir Poutine, entre autres choses, Trump a fait plus en quatre ans pour saper le leadership international américain que plusieurs de ses prédécesseurs réunis.
Joe Biden a tout un boulot de reconstruction devant lui.
Des actions qui s’imposent
Ne pas être Donald Trump, c’est bien, mais ça ne suffit pas.
La semaine dernière, la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen a fait un grand pas en parvenant à un accord de principe pour un impôt minimum des sociétés transnationales. Joe Biden devra toutefois convaincre ses vis-à-vis qu’il pourra faire passer la législation nécessaire, malgré le mur d’opposition des républicains.
Sa promesse de fournir au reste du monde 500 millions de doses de vaccin anti-COVID est un geste extraordinaire, mais ses adversaires politiques trouveront sans doute moyen de lui mettre des bâtons dans les roues.
Biden aura aussi tout un défi lors de son face-à-face avec Vladimir Poutine, qui ne lui fera pas de cadeaux et est passé maître dans l’art d’alimenter les divisions internes aux États-Unis.
Vaincre le scepticisme
Avant tout, dans un environnement politique interne très incertain, où la possibilité d’un consensus bipartite, même en politique étrangère, est à son plus bas, c’est un défi pour Joe Biden de démontrer qu’il contrôle bien la gouverne de son pays.
Ce sera ardu, car ce test ne portera pas seulement sur les orientations de politique étrangère, mais également sur sa capacité de mettre en marche son programme interne.
Le reste du monde dépend de son succès, d’abord parce qu’une reprise globale post-COVID serait difficile sans une solide reprise de l’économie américaine, mais aussi parce que le leadership international des États-Unis dépend de la confiance de ses partenaires envers la stabilité des institutions démocratiques américaines.
Bref, ce que le reste du monde attend de Biden, c’est une assurance qu’on n’assistera pas à un retour en force de Trump ou du trumpisme. Ça, ça prendra plus qu’un voyage.
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