Immigration Is Back in American Political Debate

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L’immigration de retour dans le débat politique américain

Plus d’un million de personnes ont été arrêtées ces six derniers mois après avoir tenté de traverser la frontière illégalement. La crise en Amérique latine explique en grande partie cette augmentation. La situation provoque des tensions dans l’administration Biden.

Par Nicolas Rauline

Publié le 20 avr. 2022 à 13:15

C’est un nouvel écueil pour Joe Biden et sa fragile majorité. Les démocrates peinent à s’entendre pour gérer la nouvelle crise qui s’annonce à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Un record de vingt ans est tombé en mars : 210.000 personnes ont été arrêtées pour avoir tenté d’entrer illégalement aux Etats-Unis. C’est 24 % de plus par rapport à la même période l’an dernier, qui avait déjà vu un premier afflux , et cela porte à plus d’un million le total de ces six derniers mois.

Ce nouvel afflux ne change pas la position de la Maison-Blanche, qui a promis de défaire une mesure de Donald Trump qui facilitait les expulsions. L’administration précédente avait appliqué le « titre 42 » du code des Etats-Unis, qui permet à la police aux frontières d’expulser ou de refuser l’entrée sur le territoire à des personnes pour des raisons sanitaires, parce qu’elles font planer une menace ou sont passées par des pays exposés. Depuis son arrivée au pouvoir il y a plus d’un an, Joe Biden avait continué d’appliquer cette disposition, qui représente plus de la moitié des expulsions sur les six derniers mois.

Une nouvelle ligne

La Maison-Blanche reconnaît que l’arrêt de l’application du « titre 42 » pourrait conduire à une nouvelle hausse des entrées illégales. Mais, selon elle, cette mesure ne peut être appliquée que temporairement et la situation sanitaire mondiale s’est améliorée. Elle devrait cesser de recourir au « titre 42 » à la fin du mois de mai et, d’ici là, se prépare à gérer une situation délicate. Dans ses scenarii les plus extrêmes, elle prévoit 18.000 traversées illégales par jour, soit le triple du rythme observé depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden.

Dans le même temps, l’administration Biden devrait mettre en place une nouvelle politique, confiant à des agents spécialisés dans le droit d’asile le soin d’étudier les dossiers des demandeurs, en lieu et place de juges. Ce changement pourrait allonger les délais des demandes d’asile. Ces annonces ont provoqué la colère des républicains, qui ont menacé de ne pas voter une nouvelle aide de 10 milliards de dollars destinée à une possible résurgence des cas de Covid, dans les semaines qui viennent.

Des migrations économiques et politiques

Mais l’opposition n’est pas la seule à protester. Plusieurs élus démocrates se sont joints au mouvement : la sénatrice du Nevada Catherine Cortez Masto, celle du New Hampshire Maggie Hassan, le sénateur de Géorgie Raphael Warnock et celui de l’Arizona Mark Kelly, tous issus d’Etats où la lutte s’annonce serrée lors des élections de mi-mandat, en novembre. Ils ont appelé à différer l’application des nouvelles mesures, le temps d’élaborer un plan pour faire face à l’afflux. Pour eux, la situation est d’autant plus urgente que 1,7 million de dossiers seraient toujours en attente. « On ajoute une crise à une crise déjà existante », a clamé Mark Kelly.

Plusieurs facteurs expliquent le retour des migrants. De nombreux pays d’Amérique latine ont vu leur économie souffrir de la pandémie, puis de l’inflation. La situation politique à Cuba , au Nicaragua et au Venezuela a aussi poussé des centaines de milliers de ressortissants de ces pays à tenter leur chance aux Etats-Unis.

En mars, ce sont ainsi plus de 32.000 Cubains qui ont traversé illégalement la frontière, presque autant que sur l’ensemble de l’année 2021. Longtemps traités à part par l’administration américaine, ils font face à un durcissement des règles d’accueil depuis trois ans. Les autorités ont aussi arrêté plus de 5.000 Ukrainiens le mois dernier, alors que certains ont été autorisés à s’installer provisoirement aux Etats-Unis pour des raisons humanitaires.

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