Aid to Ukraine: How the Threat to American Leadership Brought Democrats and Republicans Together

Published in Le Nouvel Obs
(France) on 23 April 2024
by Marie-Cécile Naves (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Helaine Schweitzer.
While the House of Representatives has approved substantial aid to Ukraine, the impression is growing among a part of the political class and civil society that the United States has lost control on the international stage.

On Saturday, April 20, after months of back and forth, the House of Representatives passed by a broad majority a new financial and military aid package for Ukraine totaling $61 billion. The Senate will debate the bill early this week.* The last time American lawmakers approved extensive aid for the country was in 2022, before the majority of the House tilted in favor of Republicans. Congress has so far approved $113 billion in aid to Ukraine, with $75 billion going toward direct military, humanitarian, and financial assistance. The April 20 House vote passed separate measures, also with bipartisan support, including sanctions on TikTok, $26 billion in aid for Israel and Gaza, as well as $8 billion for Taiwan.

Nearly half of conservative lawmakers in the House voted in favor of the Ukraine package. For its part, the MAGA faction and other media-friendly extremists opposed it through blind allegiance to Donald Trump, who claims that aid is only prolonging the conflict, and an obsession with never siding with the Democrats on any bill. Threatening House Speaker Mike Johnson, who stood firm, had no effect. Vengeful as they are, Trump loyalists also perpetuate the belief that Ukraine aided Hillary Clinton’s presidential campaign in 2016. There is no evidence of this, while Russian interference in the election in favor of Trump is documented, notably in special counsel Robert Mueller’s investigation in 2019.

Cold War Vision

Johnson undoubtedly took a political risk; but a calculated one. In fact, he visited Mar-a-Lago on April 12 to meet the former president who, according to the American press, did not object to loaning funds to Ukraine (which will likely never be repaid). Was the April 20 vote, then, a sign that a sizeable number of Republican lawmakers are not aligned with Trump—who is not in office, has no political responsibility, but continually speaks into their earpieces—or, more likely, was it a sign of laissez-faire on the part of a Trump, who is mired legal issues as his first criminal trial in the Stormy Daniels affair gets under way? Not to mention his watchword remains that, if he returns to the White House, the war will end immediately. In other words, it remains to be seen.

Russia remains an adversary—to say the least—in the collective view of a Republican Party that no longer has a strong neoconservative voice among its members, yet is still imbued with of a Cold War vision of geopolitics. There is considerable fear that Ukraine, currently in a bad way militarily, could be only one stage of Vladimir Putin’s strategy of Eastern European conquest. And Johnson did say that he would “rather send bullets to Ukraine than American boys.” A long war, perhaps, but without American cannon fodder. The trauma of Iraq is still vivid.

The Defense of Weakened Democratic Values

Above all, the fear of losing U.S. global leadership is bringing the two parties—Democrat and Republican—together. This fear is both well-founded and dated. In particular, the defense of democratic values and human rights is being undermined given that American support for Israel (which is much more unconditional among Republicans, who care little about the fate of Palestinians, than among Democrats) reads, on a global scale, like a double standard: Why is the kind of compassion and aid for Ukrainian civilians not accorded, or if so, only scarcely, to Palestinian civilians in Gaza?

This also explains the passage in the House of $13 billion in military aid for Israel, and $9 billion for humanitarian aid in Gaza, which is considerable. Only 37 Democrats voted against the measure, which is less than one might expect and shows that there is no anti-Biden revolt on the matter in Congress. It is likely that Iran’s recent attacks on the Jewish state played a role in the “yes” vote, including on the left.

Around the world, and in a segment of the political class and American civil society, the impression is growing that the U.S. has lost control on the international stage: The Russo-Ukrainian conflict was not supposed to last this long; Russia was not supposed to garner so much support around the world out of mutual, well-understood interests; the transnational pro-Palestinian movement was not supposed to be so determined. The world is more fractured than ever, and peaceful solutions are more out of reach by the day. The prospect of a return to business under a Trump motivated by a transactional vision of international relations (“deals”), the weakness of which was demonstrated by the Abraham Accords, is not reassuring.

*Editor’s update: The Senate passed the $95 billion aid package that included funding for Ukraine on April 23. President Biden subsequently signed the bill into law.


Aide à l’Ukraine : comment la menace sur le leadership américain a rapproché démocrates et républicains

Alors que la Chambre des Représentants a voté une aide substantielle à l’Ukraine, l’impression grandit dans une partie de la classe politique et de la société civile que les Etats-Unis ont perdu la maîtrise à l’échelle internationale.

Le samedi 20 avril, après six mois de tergiversations, la Chambre des Représentants a voté à une large majorité un nouveau paquet d’aides financières et militaires à l’Ukraine, d’un montant de 61 milliards de dollars. Le texte va être débattu au Sénat en ce début de semaine. La dernière fois que les parlementaires américains ont voté une vaste aide à l’Ukraine, c’était en 2022, avant le basculement de la majorité en faveur des républicains. Jusqu’ici, le Congrès des Etats-Unis a accordé 113 milliards de dollars à l’Ukraine, dont 75 milliards de soutien militaire, humanitaire et financier direct. Les autres mesures, votées séparément le 20 avril, elles aussi de manière bipartisane, concernent les sanctions contre TikTok, des aides pour Israël et Gaza (26 milliards), ainsi que pour Taïwan (8 milliards).

Près de la moitié des représentants conservateurs ont voté pour l’enveloppe en faveur de l’Ukraine. De leur côté, par fidélité aveugle à Trump, selon qui cette aide ne ferait que prolonger le conflit, et par obsession de ne jamais voter aucune loi avec les démocrates, les MAGA (Make America Great Again) et autres extrémistes médiatiques de la Chambre s’y sont opposés. Leurs menaces à l’encontre de Mike Johnson, le président de la Chambre des Représentants, ont été vaines, celui-ci a tenu bon. Revanchards, les trumpistes perpétuent également la croyance selon laquelle l’Ukraine a aidé la campagne d’Hillary Clinton en 2016. Rien ne l’atteste, alors que l’ingérence russe dans l’élection pour favoriser Donald Trump est, elle, documentée, notamment dans l’enquête du procureur spécial Robert Muller en 2019.

Vision de guerre froide

Mike Johnson a sans doute pris un risque politique, mais un risque politique mesuré. Il avait en effet effectué le voyage à Mar-a-Lago, le 12 avril, pour rencontrer l’ancien président, qui, selon la presse américaine, ne s’est pas opposé à la perspective d’un prêt financier à l’Ukraine (lequel ne sera probablement jamais remboursé). Ce vote du 20 avril est-il alors le signe d’un non-alignement d’une grande partie des représentants républicains sur Donald Trump – qui n’est pas élu, n’a aucune responsabilité politique mais leur parle dans l’oreillette en permanence – ou, plus probablement, d’un laisser-faire de la part d’un Trump embourbé dans les ennuis judiciaires alors qu’a débuté son premier procès au pénal dans l’affaire Stormy Daniels ? Sans compter que son mot d’ordre reste que, s’il revient à la Maison-Blanche, la guerre s’arrêtera immédiatement. Autrement dit… on verra plus tard.

La Russie reste un adversaire, pour ne pas dire un ennemi, dans les représentations collectives du parti républicain qui, certes, n’a plus guère de voix néoconservatrice forte en son sein, mais demeure empreintes d’une vision de guerre froide en matière géopolitique. La crainte est vive que l’Ukraine, aujourd’hui en mauvaise posture militaire, pourrait n’être qu’une étape dans la stratégie de conquête de Vladimir Poutine en Europe orientale. Et Johnson a dit qu’il « préférait envoyer des balles plutôt que des boys [soldats] en Ukraine ». Une guerre longue, peut-être, mais sans la chair à canon américaine – le traumatisme de l’Irak reste vif.

Défense des valeurs démocratiques fragilisée

Au-delà, la peur de la perte du leadership des Etats-Unis dans le monde rapproche les deux partis démocrate et républicain. Cette peur est à la fois fondée et datée. En particulier, la défense des valeurs de démocratie et des droits de l’homme a du plomb dans l’aile dans la mesure où le soutien américain à Israël (bien plus inconditionnel chez les républicains, qui n’ont que faire du sort des Palestiniens, que chez les démocrates) donne, à l’échelle du monde, l’impression d’un « deux poids, deux mesures » : pourquoi la compassion et l’aide aux civils ukrainiens ne sont-elles pas accordées, ou si peu, aux civils palestiniens de Gaza ?

Cela explique aussi le vote, à la Chambre, des 13 milliards d’aide militaire pour Israël, et des 9 milliards pour l’aide humanitaire à Gaza – ce qui est considérable. Seuls 37 élus démocrates ont voté contre, ce qui est en deçà de ce qu’on pouvait attendre, et montre qu’il n’y a pas de fronde anti-Biden sur le sujet au Congrès. Il est vraisemblable que les récentes attaques de l’Iran contre l’Etat hébreu ont joué en faveur d’un vote « oui », y compris à gauche.

A l’échelle internationale, et dans une partie de la classe politique et de la société civile américaines elles-mêmes, l’impression grandit que les Etats-Unis ont perdu la maîtrise : le conflit russo-ukrainien n’était pas censé durer si longtemps, la Russie n’était pas censée engranger tant de soutiens dans le monde, par intérêts réciproques bien compris, les mouvements propalestiniens transnationaux n’étaient pas censés être aussi déterminés. La planète est plus que jamais fracturée et les solutions de paix s’éloignent chaque jour un peu plus. La possibilité d’un retour aux affaires d’un Trump mû par une vision transactionnelle des relations internationales (les « deals »), dont les accords d’Abraham ont montré toute la faiblesse, n’est pas pour rassurer.
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