C’est déjà le gâchis de la décennie. Pourtant, sans que les responsables de ce fiasco n’aient eu quoi que ce soit à assumer, la guerre en Irak entrera mercredi dans sa sixième année. A cette occasion, George Bush prononcera un discours au Pentagone sur “la guerre mondiale contre le terrorisme”. Un thème qui devrait laisser assez peu de place à l’autocritique.
L’intelligence, dit-on, consiste aussi à reconnaître ses erreurs. Les Américains, eux, estiment désormais à 60% que la guerre en fut une. Pratiquement aucun des objectifs fixés n’a été atteint et le bilan est calamiteux. Quatre mille boys ont déjà perdu la vie dans ce conflit. Comme 12 000 policiers et 80 000 civils irakiens. Le tout pour aboutir à un chaos confessionnel dont le cardinal de Mossoul fut cette semaine l’ultime victime. Alors qu’à Bagdad chaque communauté se barricade dans son quartier, attendant d’en découdre.
“Les Irakiens n’ont pas su mettre à profit une diminution de la violence pour progresser vers la réconciliation”, constatait cette semaine un chef militaire américain dépité. Un jugement fondé qui cachait mal une envie appuyée de dégager. Quand? Pas avant d’avoir gagné la guerre, tonne le candidat républicain à la Maison-Blanche John McCain. Progressivement, rétorquent timidement les démocrates Barack Obama et Hillary Clinton.
Quoi qu’ils en disent, le processus est engagé. 30 000 militaires auront quitté le pays d’ici à juillet et les négociations avec les autorités irakiennes sur le retrait définitif ont commencé. Parce qu’au moment où pointe la récession, les Etats-Unis se désintéressent peu à peu de ce cauchemar qui leur aurait coûté 3000 milliards de dollars. Parce que poussée à l’extrême limite de ses possibilités l’armée, affaiblie comme jamais, ne manque plus une occasion de critiquer les choix stratégiques de la Maison blanche.
En changeant de président, le pays voudra tourner la page. Rapidement. Or, c’est précisément à l’heure du repli qu’il lui faudra assumer le prix du gâchis.
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