a mise en scène de l’unique discours public de Barack Obama au cours de son voyage européen ne pouvait pas être plus réussie. Lorsque le candidat démocrate à la Maison Blanche s’est approché de son pupitre pour s’adresser à une foule enthousiaste de 200 000 personnes rassemblée dans le parc du Tiergarten à Berlin, jeudi 24 juillet, les rayons du soleil couchant sont venus éclairer son visage. Au pied de la colonne de la Victoire, l’un des monuments les plus célèbres de la capitale allemande, et regardant en direction de la porte de Brandebourg, symbole par excellence de la réunification allemande, M. Obama a tenu un discours axé sur le renouveau de la relation transatlantique, soulignant les intérêts communs entre les Etats-Unis et l’Europe. C’est à cet endroit précis que les Allemands avaient manifesté contre la guerre en Irak et la politique du président américain George Bush, en 2003. Jeudi soir, à son arrivée sur le podium, la foule a clamé son slogan de campagne “Yes, we can!” (“Oui, nous pouvons!”).
Pour commencer, M. Obama a tenté de gommer son image de candidat en campagne électorale : “Je suis un fier citoyen américain, également un citoyen du monde.” Puis il s’est adressé aux habitants de la capitale allemande, auxquels il a rendu un hommage appuyé, évoquant à plusieurs reprises le pont aérien américain de 1948 : “Les Berlinois n’ont pas renoncé.” Utilisant l’image de la chute du mur de Berlin en 1989, il a appelé à abattre “les murs entre les pays les plus riches et les plus pauvres (…), entre les races et les tribus, entre les indigènes et les immigrants, entre chrétiens, musulmans et juifs”.
“NOUVEAUX PONTS”
Sur le thème très attendu des relations transatlantiques, M. Obama a estimé qu’il “est temps de bâtir de nouveaux ponts”. “L’Amérique n’a pas de meilleur allié que l’Europe”, a-t-il assuré, tout en reconnaissant qu’il y a eu des divergences entre les Etats-Unis et le Vieux Continent par le passé. Lors de ses entretiens, quelques heures plus tôt, avec la chancelière Angela Merkel et le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, il avait souligné l’importance des liens germano-américains.
En même temps, “un véritable partenariat et de progrès exige un travail constant et des sacrifices”. A ce moment, nul doute que le candidat démocrate a pensé à l’Afghanistan. Certes, il s’est contenté, dans son discours, d’exhorter les Européens à poursuivre leur engagement dans cette région : “L’Amérique ne peut pas le faire seule. Le peuple afghan a besoin de nos troupes et des vôtres”, a-t-il insisté. Mais, ses conseillers avaient laissé entendre, en amont, qu’il souhaitait un renforcement ou un redéploiement des contingents de soldats.
Son appel en faveur d’un “monde dépourvu d’armes nucléaires” a particulièrement satisfait le public. Tout comme l’évocation de la fin de la guerre en Irak.
M. Obama n’a pas oublié la lutte contre le réchauffement climatique, citant l’Allemagne comme modèle : “Toutes les nations du monde, y compris la mienne, doivent réduire avec sérieux les émissions de Co2, tout comme le fait votre pays”, a-t-il déclaré.
Conscient de l’impopularité des Etats-Unis en Europe ces dernières années, M. Obama a évoqué implicitement “les erreurs faites” par l’équipe Bush. “Je sais que mon pays n’est pas parfait”, a-t-il expliqué, tout en se gardant de citer l’actuel gouvernement américain.
Dans la foule composée essentiellement de jeunes, les réactions étaient contradictoires. “C’était assez plat, avec peu de surprises et peu de peps “, déplore Eric Heiss, un ingénieur de 33 ans qui assure pourtant admirer le candidat démocrate. A l’opposé, Sascha Hahn, un jeune bachelier, était ravi : “Il a une manière de s’exprimer qui est très convaincante; c’était très bien qu’il mette en avant les intérêts communs de l’Europe et des Etats-Unis”, dit-il. Le monde politique allemand s’est montré plutôt positif : “Le jeune sénateur incarne charisme et autorité”, a commenté Edmund Stoiber, ancien ministre-président de Bavière (CSU). “C’était le discours d’un citoyen du monde”, affirme Gert Weisskirchen, député social-démocrate. Pour le maire de Berlin, Klaus Wowereit (SPD), avec lequel M. Obama s’était entretenu dans l’après-midi, ce discours “est le signe qu’il y a de nouveaux accents dans la politique américaine”.
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