Obama, une trop longue absence?
Par Antoine MALO (avec Pascal GIBERNE, à N.Y)
Le Journal du DImanche
C’est long neuf jours loin de chez soi. Très long. Surtout lorsque l’on est candidat à l’élection présidentielle américaine. Hier, Barack Obama a bouclé à Londres sa tournée internationale marathon. Le sénateur de l’Illinois y a rencontré pendant près de deux heures le Premier ministre britannique Gordon Brown. Comme lors de l’entretien avec Nicolas Sarkozy vendredi, les deux hommes ont évoqué les grands dossiers internationaux parmi lesquels l’Irak, l’Afghanistan ou le Proche-Orient.
Barack Obama est rentré aux Etats-Unis après une tournée internationale. (Reuters)
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Le candidat démocrate a d’ailleurs souligné l'”affection profonde et durable” et la “gratitude” des Américains envers la Grande-Bretagne, engagée à leurs côtés en Afghanistan et en Irak. Quelques heures plus tôt, Barack Obama avait reçu l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, représentant du Quartette pour le Proche-Orient.
Afghanistan, Irak, Proche-Orient, Allemagne, France, Grande-Bretagne… Indéniablement, lors de cette semaine à l’étranger, le prétendant à la magistrature suprême a gagné une stature internationale qui lui faisait quelque peu défaut. Il a éprouvé sa popularité à l’étranger, en Europe surtout. A court terme, pourtant, le calcul peut se révéler dangereux. “Je ne serais pas surpris si cela avait pour conséquence un fléchissement dans les sondages. Nous avons été hors du pays pendant une semaine. Les gens s’inquiètent du prix de l’essence, des saisies immobilières”, a reconnu le candidat Noir américain, hier lors de la conférence de presse qu’il a donnée, seul, dans les jardins du 10 Downing Street, la résidence à Londres du Premier ministre britannique.
Il devance son rival que de 1 à 6 points
Ce fléchissement a déjà été enregistré cette semaine. Même s’il possède toujours une légère avance sur son adversaire républicain John McCain, la popularité Obama s’effrite dans les sondages. Selon les instituts, il n’est plus crédité que d’un à six points d’avance sur son rival. Une enquête d’opinion, publiée mercredi dans le Wall Street Journal, souligne que 55 % des électeurs américains considèrent que Barack Obama serait le choix “le plus risqué” pour la présidence des Etats-Unis, contre 35% pour John McCain. Le même sondage affirme que 58% des électeurs, contre 47%, s’identifient davantage aux valeurs et au bilan du républicain qu’à ceux du démocrate. Plus inquiétant, une autre étude publiée jeudi montre que John McCain a pris l’avantage dans le Colorado et qu’il talonne Barack Obama dans le Michigan et le Minnesota, deux Etats jugés cruciaux par le camp démocrate dans la perspective de l’élection de novembre.
McCain regagne donc du terrain. Pendant l’absence d’Obama, il a choisi d’axer cette semaine de campagne sur les questions économiques, notamment la hausse du prix des denrées alimentaires et du carburant. Et d’arpenter le pays. On a ainsi vu le sénateur de l’Arizona dans de modestes épiceries de Pennsylvanie. Jeudi, il déjeunait dans un restaurant de l’Ohio, spécialisé dans la saucisse. “J’adorerais faire un discours en Allemagne. Mais je préférerais le faire en tant que président des Etats-Unis plutôt qu’en tant que candidat à la présidence”, a-t-il déclaré, perfide. Une manière de signifier que lui s’occupe des problèmes quotidiens des Américains.
Jouant au basket avec les troupes en Afghanistan
Hier, pourtant, Barack Obama a tenu à légitimer sa tournée. “L’une des raisons pour lesquelles ce voyage me semblait important est que je suis convaincu que les problèmes auxquels nous sommes confrontés chez nous ne seront pas pleinement résolus si nous n’avons pas des partenaires solides à l’étranger”, a-t-il expliqué. Pour certains experts politiques, la tournée internationale de Barack Obama a été une excellente décision, savamment calculée afin de marquer les esprits. Les télévisions américaines, dont certaines avaient dépêché leurs présentateurs vedettes pour couvrir l’événement, ont d’ailleurs passé en boucle les images du voyage. Aucun Américain n’a pu échapper à Barack Obama jouant au basket avec les troupes américaines en Afghanistan, priant devant le mur des Lamentations à Jérusalem, ou s’adressant à une foule de plus de 200.000 personnes à Berlin.
Le sénateur de l’Illinois pourrait utiliser cet acquis lors de l’échéance de novembre. Pour l’heure, il va devoir revenir aux préoccupations de ces concitoyens. Ce sera chose faite dès ce matin, puisqu’il participe à des émissions télévisées. Des programmes où sera également présent John McCain.
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