La paresse idéologique des démocrates
Elle est devenue à quelques mots près, la bande-son des jeunes de cette génération — américaine ou pas : “comment Bush a-t-il pu tant gâcher ce pays ?” “J’hallucine ou il fait n’importe quoi votre président ? ” “Regardez dans quelle situation précaire le monde se trouve-t-il à cause des actions (ou inactions) de Bush.” Que je sois dans un café à Paris, à Cambridge, ou à Francfort, je peux être sure que si j’entends flotter les termes “gaspillage,” “imbécilité,” “arrogance”, ils seront bientôt accompagnés de leurs confrères “Bush”, “Karl Rove” et “républicains”. Selon les circonstances, je pourrais ajouter “Wall Street” et “hedge funds” à cette assemblée.
La chanson anti-Bush est si omniprésente que les paroles me semblent dénuées de sens. Donc, j’invite les lecteurs de ce blog à m’aider à la réecrire. Il ne s’agit plus d’une dénonciation vague de la présidence de Bush, digérable, imprécise, impulsive. Ces prononciations sont à la mode et plus on approche la fin de son règne, moins elles sont scrutées. Plus on fréquente les libéraux de gauche des métropoles américaines (NY et San Francisco), moins on est entrainé à énoncer clairement et concrètement les fautes de l’administration actuelle. (Idem pour quasiment toute l’Europe).
En 2008, être démocrate ne présente plus aucun labeur. Une idéologie qui naguère avait dû s’évertuer à être prise au sérieux, se boursoufle aujourd’hui, et accueille pêle-mêle des personnes qui confondent la plate-forme démocrate progressiste avec précarité, colère ou honte. Cet emmêlement est certes utile au candidat démocrate mais le parti est bien trop optimiste, ambitieux, ouvert, et juste pour voir son programme réduit à un simple référendum des années Bush.
Parallèlement, nous attendons bien plus de notre candidat que l’algèbre politique du mois passé : McCain + proposition = Barack Obama – proposition + “c’est une continuation des plans de Bush”. Bon d’accord, mais quels sont vos projets M. Obama et quand est-ce que vous les présentera sans ridiculiser votre rival ? Prenez de l’avant ; montrez vos idées et vos dents, cessez de réagir aux niaiseries de McCain.
Aussi sombrons nous dans une paresse intellectuelle en faisant fi des autres anti-Bush qui ne soutiennent pas les thèses démocrates, comme les libertariens et leur héros Ron Paul. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis… mais on se doit de leur parler. Tant qu’on y est, démocrates, parlons-nous à nous-même.
Depuis le quadriennal oubliable du démocrate Jimmy Carter*, les républicains se sont désignés les architectes des valeurs et du langage politique américains. Le parti des forts, des braves, des décisifs, les républicains ont transformé — sans trop de difficulté — les démocrates en lâches, en faibles, en mous.
Dans les Etats-Unis des républicains, on brandit le mot ‘socialisme’ comme une arme et on qualifie de traîtres les gens qui osent parler d’assurance-santé, de protection sociale. Selon la mathématique républicaine, la nuance, la patience, le compromis équivalent à la perfidie.
La conséquence, 20 ans plus tard est un un candidat qui passe plus de temps à se défendre et un Congrès majoritairement démocrate qui n’a toujours pas eu le courage de cesser la guerre en Irak (par peur d’etre traités de lâches par leurs collègues républicains). Pourtant le peuple américain avait voté ce désengagement en élisant les démocrates lors des élections en 2006.
Mais revenons au sujet de ce post et à cette musique anti-Bush que j’évoquais.
Après un septennat extra-judiciaire quasi-papal au cours duquel l’administration Bush s’était comportée comme un groupuscule infaillible et intouchable, le Congrès, et la Cour Suprême durcissent non seulement le ton, mais daignent condamner ou annuler les actions de Bush & Co. Donc, je vous prie de citer, aussi spécifiquement que possible, les actions du clan Bush qui pour vous illustrent l’incompétence, la sourdise, l’obstination de cette équipe. Droits arrogés, lois promulguées, traités non-signés, etc..
Sachant l’audience de ce blog internationale, je débattais quelques instants, l’intelligence et la pertinence d’un tel exercice. Mais n’ayant jamais été déçue ni surprise par la supériorité des connaissances politiques américaines des étrangers comparées à celles de l’Américain moyen, je me suis dit que vous auriez beaucoup à contribuer.
Donc, merci de dresser votre liste concrète des ravages de l’administration Bush. Peut-être inclus dans cette somme, les actions menées par les associés de Bush…et celles qui ont précedé** son investiture de la Maison-Blanche. Joyeux août et bonnes recherches.
*qui, grâce à ses oeuvres charitables a pu s’écrire un nouveau chapitre et estomper les gaffes et maladresses de sa présidence.
** Al Gore, certainement, la citerait…
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