Le XXIe siècle pourrait être celui des grandes batailles commerciales. Elles seront l’un des modes d’affrontement des puissances économiques de l’heure : Chine, Etats-Unis, Europe, Brésil et Amérique du Sud. La virulente querelle opposant Pékin et Washington sur la valeur de la monnaie chinoise, le yuan, en donne un avant-goût.
Croulant sous les déficits publics et commerciaux, les Etats-Unis accusent la Chine de maintenir sa monnaie à un taux de change sous-évalué par rapport au dollar (les Européens pensent la même chose que les Américains). Depuis 2008, Pékin a fixé la valeur du yuan autour de 6,83 dollars. Cela rend les exportations chinoises sur le marché américain particulièrement compétitives ; et, en retour, cela protégerait le marché chinois des importations de biens et de services en provenance des Etats-Unis.
Les Américains accusent ouvertement les Chinois de manipuler leur taux de change. Il ne se passe guère de jour à Washington sans qu’un responsable du Congrès ou de l’exécutif exhorte Pékin à réévaluer le yuan. Cent trente parlementaires, républicains et démocrates, ont adressé cette semaine une lettre menaçante au Trésor : ils exigent que le gouvernement américain impose des “droits compensateurs” sur les exportations chinoises.
Cela n’intimide pas Pékin. Taux de croissance survitaminé en bandoulière (9,5 % en 2010, selon les prévisions de la Banque mondiale), le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a donné dimanche une leçon d’économie aux Américains. La crise, c’est leur faute : ils ne savent pas gérer leur économie. La sortie de crise, c’est grâce à la Chine : elle tire la croissance mondiale. Le déficit commercial qu’enregistrent les Etats-Unis dans leurs échanges avec la Chine est dû à la mondialisation, cela ne durera pas. Il explique : 60 % des exportations chinoises aux Etats-Unis sont le fait de sociétés étrangères installées en Chine… Pékin finance la dette publique des Etats-Unis en achetant leurs bons du Trésor. Conclusion du premier ministre : il n’y a pas de raison de réévaluer le yuan.
Il y a du vrai dans ce que dit Wen Jiabao. L’honnêteté eût voulu qu’il ajoute deux ou trois choses à sa leçon d’économie politique. Convertible (ce qu’il n’est pas), le yuan prendrait de 20 à 30 % sur les marchés ! La crise est également due au gigantesque déficit structurel qu’impose une économie chinoise fondée sur les exportations. Il est temps pour la Chine de passer à un modèle de développement privilégiant le marché intérieur.
Encore un effort, professeur Wen !
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