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Posted on April 2, 2011.
Obama définit les limites de l’action militaire américaine
L’Amérique ne doit pas uniquement intervenir quand sa sécurité est en jeu. Elle doit aussi parfois s’impliquer militairement au nom de ses valeurs, a dit le président des Etats-Unis.
Voici donc la nouvelle «doctrine Obama» en matière d’intervention militaire. Alors que les critiques fusent de toutes parts pour dénoncer le flou des buts de guerre des Etats-Unis en Libye, elle a été définie lundi soir depuis l’université de la Défense de Washington DC par le président américain dans un speech dont même son ex-adversaire politique de 2008 John McCain a vanté «l’excellence».
Renvoyant dos à dos ceux qui estiment que l’Amérique doit cesser d’être le gendarme du monde afin de régler ses propres problèmes, et ceux qui réclament un changement de régime par la force, Obama a défendu à la fois le pourquoi de l’engagement militaire américain en Libye, le caractère limité de l’opération et la méthode multilatérale utilisée. «Je suis absolument d’accord pour dire que l’Amérique ne doit pas faire la police partout dans le monde… Mais cela ne doit pas être un argument pour ne jamais intervenir», a-t-il plaidé, révélant à quel point démocrates comme républicains restent attachés à l’idée d’un rôle moral de l’Amérique dans le monde.
En Libye, «nous étions confrontés à la perspective d’un massacre de la population par Kadhafi à une échelle horrible. Ignorer cette situation et la responsabilité de l’Amérique en tant que leader aurait été une trahison de nos valeurs et de ce que nous sommes», a affirmé Barack Obama, reprenant, sans prononcer jamais le terme, le thème de la guerre «juste» qu’il avait utilisé pour justifier la montée en puissance des troupes américaines en Afghanistan.
Un «rôle de support»
«J’ai refusé d’attendre de voir les images de tombes communes et de milliers de réfugiés qui auraient déferlé sur l’Egypte et la Tunisie, mettant en péril leurs révolutions, a poursuivi le président, expliquant que «le coût de la non intervention aurait été plus lourd que celui de l’intervention. Comparant avec l’intervention en Bosnie, qui sous Bill Clinton avait exigé un an de débats», il a noté la rapidité avec laquelle un consensus avait pu être formé à l’Onu et une coalition militaire mise en place. «Cela nous a pris 31 jours», a-t-il dit, contrant ceux qui l’accusent d’indécision. «S’il n’y avait eu les Français et les Britanniques, il ne se serait probablement rien passé» , a répliqué, ironique, McCain après le discours.
Barack Obama a bien précisé qu’il avait pris bien soin d’éviter d’agir de manière unilatérale, privilégiant le partage du fardeau et le transfert du commandement de l’opération à ses alliés de l’Otan. L’Amérique se tiendra désormais dans un «rôle de support», en se concentrant sur «le soutien logistique et le renseignement », a-t-il dit, insistant que le fait que cette approche permettrait de réduire à la fois «le risque et le coût pour les Etats-Unis».
Ignorant les critiques de ceux qui l’accusent de se laver les mains de l’affaire, le président a insisté sur le fait que le refus de la passivité ne lui donnait pas pour autant le droit d’entraîner l’Amérique dans un engrenage militaire incontrôlé, sur le modèle de ce qui avait été accompli par Bush en Irak. «Participer au renversement de Kadhafi par la force est inacceptable», a-t-il dit, expliquant que l’Amérique userait cependant de tous les leviers politiques et financiers dont elle dispose, en sus du maintien de la zone d’exclusion aérienne, pour précipiter son départ et aider à la reconstruction du pays.
Agir en solitaire
Plus généralement, Barack Obama a distingué entre deux cas de figures susceptibles de déclencher une intervention militaire: celui où la sécurité des Etats-Unis est en jeu et où il entend ne jamais «hésiter à user de la force militaire de manière unilatérale si nécessaire». Et un autre cas de figure, où «notre sécurité n’est pas directement menacée mais où nos intérêts et nos valeurs le sont» . Dans cette circonstance, «nous ne devrions pas craindre d’agir mais nous ne devrions pas le faire en solitaire», a affirmé le président, soucieux de neutraliser les critiques républicaines sur sa supposée allergie à l’exceptionnalisme américain: exercer le leadership ne consiste pas à agir seuls, mais à pousser les autres afin qu’ils prennent leur part du fardeau, a-t-il martelé.
Après sa prestation, les commentateurs jugeaient que son vigoureux plaidoyer n’avait pas répondu à la question de savoir ce qui se passerait si Kadhafi s’accrochait au pouvoir. Si le tyran «est toujours là dans six mois, Obama et son approche de guerre limitée «connaîtront des temps difficiles», a prédit Wolf Blitzer, éditorialiste sur CNN, soulignant qu’à travers l’Otan, les troupes américaines seraient partie prenante à l’opération, même dans un rôle moins visible.
La question «du précédent» créé par l’intervention libyenne, restait aussi entière, menaçant de placer le président américain face à de lourds dilemmes si des répressions de grande échelle venaient à se produire en Syrie ou en Iran.
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