En prenant pour cible les Africains-Américains, les conservateurs font un bien mauvais calcul électoral. Ils se privent de suffrages importants pour le scrutin présidentiel de novembre au profit des démocrates.
Entre les Africains-Américains, qui votent traditionnellement démocrate, et le Parti républicain, ce n’est plus le grand amour depuis longtemps. Ce ne sont pas les dernières sorties des candidats aux primaires qui risquent d’arranger les choses, certaines frisant carrément le racisme.
Premier à ouvrir le feu, l’intenable Newt Gingrich. À l’en croire, les Noirs préféreraient recevoir un bulletin de salaire plutôt que des allocations sociales – ce qui est peu discutable -, mais ils se heurtent à la volonté des démocrates de les enfermer dans l’assistanat. Ce serait notamment le cas de Barack Obama, qu’il surnomme le « food stamp president », du nom d’un programme d’assistance alimentaire aux plus pauvres. Et lorsque, dans un débat télévisé, un journaliste lui a demandé si ses propos n’étaient pas offensants pour les Noirs, il s’est lancé dans une diatribe contre le politiquement correct. Classique. Cette stratégie nauséabonde a permis à Gingrich de séduire l’électorat blanc conservateur de Caroline du Sud, qui ne se fait généralement pas prier pour voir dans chaque Noir un accro aux allocations sociales.
Casier judiciaire
Même refrain chez Rick Santorum, qui, lors d’un meeting en Iowa, a déclaré vouloir « donner la possibilité aux Noirs américains de sortir de chez eux et de gagner de l’argent ». Quant à Ron Paul, il a eu du mal à se justifier après l’exhumation de lettres d’information diffusées à ses sympathisants dans les années 1990. Il y affirmait que 97 % des Noirs de Washington DC avaient un casier judiciaire ! Il jure aujourd’hui ne pas être l’auteur de ces lettres. Problème : elles sont signées de son nom.
Il n’y a pas que les mots. Sous couvert de lutter contre la fraude, nombre d’États dirigés par les républicains ont en effet adopté des lois exigeant des électeurs qu’ils présentent une pièce d’identité avant de voter. Les démocrates y voient une manoeuvre visant à décourager certains de leurs électeurs potentiels, Noirs et jeunes notamment. Plusieurs de ces lois ont d’ailleurs été bloquées par Eric Holder, le ministre de la Justice. Des actions ont également été introduites par les républicains devant les tribunaux afin de faire reculer la discrimination positive, alors que l’administration Obama a adopté fin novembre une série de directives visant au contraire à accroître la diversité ethnique sur les campus. Pas sûr que la Cour suprême tranche en faveur d’Obama sur ce dossier. Mais en novembre, le président sortant devrait faire le plein des voix noires. Comme en 2008. Le Parti républicain ne pourra alors s’en prendre qu’à lui-même.
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