Emperor Obama and Emperor Bonaparte: Something in Common

<--

“L’empereur Obama et l’empereur Bonaparte : un point en commun”

Barack Obama, le président démocrate sortant, semble partager l’opinion de Napoléon Bonaparte qui croyait que les spéculateurs sont des ennemis de l’État. Il a blâmé les spéculateurs pour l’augmentation des prix du pétrole. Il blâme Mitt Romney pour les activités d’achat et de revente d’entreprises effectuées par le fonds d’investissements qu’il dirigeait naguère.

M. Obama s’est bien gardé, par contre, de louer les spéculateurs pour le récent retour à la baisse des prix du pétrole. Et le jour même où sa campagne électorale attaquait Mitt Romney pour son ancienne carrière d’investisseur, Barack Obama participait à un dîner organisé par le président d’un autre fonds d’investissements et où les convives versaient une contribution de 35.800 dollars chacun à la caisse électorale démocrate. Les politiciens demeurent des marchands de tapis (sauf qu’ils vendent les tapis des contribuables, mais c’est une autre question).

De ce point de vue, Mitt Romney échappe au populisme de Napoléon et d’Obama. N’oublions pas toutefois qu’Obama ne fait que reprendre contre Romney les attaques populistes de Newt Gingrich et Rick Perry, candidats défaits à l’investiture républicaine. Même dans le Parti républicain, les tirades contre les spéculateurs ne sont pas inconnues. On se trompe souvent quand on imagine le Parti républicain comme radicalement différent du Parti démocrate.

Ron Paul, le seul candidat qui conteste encore l’investiture à Mitt Romney, ne tombe pas dans le piège des Bonapartes et Obamas. Le candidat libertarien est un défenseur des spéculateurs et de l’esprit d’entreprise bien plus convaincant et cohérent que Romney. Comme disait si bien Georges Ripert, “la spéculation est l’âme du commerce” : acheter à bas prix et vendre plus cher. Mais on sait que M. Paul est à peu près certain d’être défait, et il a annoncé la semaine dernière qu’il limiterait désormais ses activités de campagne auprès des délégués à la convention républicaine d’août.

Quand on demande l’opinion des électeurs sur les questions politiques fondamentales, l’Amérique apparaît, bien sûr, plus capitaliste que la France. Un sondage GlobeScan révélait l’an dernier que 59% des Américains croient que les marchés libres constituent le meilleur système pour l’avenir, beaucoup plus que la proportion de 31% des Français, mais moins que la proportion des Allemands (68%). Il faut quand même se méfier de ce genre de questions, qui prêtent à interprétation, qui dépendent de la morosité ou de l’optimisme ambiants (attribuables, par exemple, à la conjoncture économique), et sur lesquelles l’électeur moyen demeure de toute manière “rationellement ignorant”, comme disent les économistes.

La campagne à l’investiture républicaine qui s’achève de même que la campagne présidentielle suggèrent que le populisme n’est pas aussi différent des deux côtés de l’Atlantique que certains ne le croient. L’empereur Obama et l’empereur Bonaparte ont des choses en commun. Mais il est vrai que la résistance aux idées reçues anticapitalistes est plus forte du côté de l’Amérique.

About this publication