Failures at the Start of Obama II

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Les ratés au démarrage d’Obama II

Quatre mois après le début de son second mandat, Barack Obama est aux prises avec une série de scandales toxiques, qui offrent un beau potentiel d’obstruction aux républicains et menacent l’agenda politique de la Maison-Blanche.

Il rêvait d’un meilleur départ. Quand il a prononcé son second discours d’investiture, en janvier, il avait de grandes ambitions pour son deuxième mandat. C’était un beau texte, comme il sait les prononcer, avec des envolées lyriques, des formules visionnaires. Quatre mois plus tard, Barack Obama est aux prises avec une série de scandales toxiques, qui offrent un beau potentiel d’obstruction aux républicains et menacent l’agenda politique de la Maison-Blanche. Les commentateurs les plus emphatiques font déjà la comparaison avec le laborieux second mandat de Bill Clinton. Certains ont même déjà convoqué le spectre de Richard Nixon.

De fait, Barack Obama vient de traverser la pire semaine de 2013. Il est attaqué sur trois fronts. D’abord, il est apparu que l’IRS, le service chargé de la collecte des impôts, a ciblé tout particulièrement des groupes conservateurs, par exemple liés au Tea Party, dans le cadre de l’examen de leur demande d’un statut spécial d’exemption. Selon les responsables de l’IRS, ces contrôles zélés n’ont pas été dictés par une volonté politique, mais avaient un but pratique de plus grande efficacité. Mais les républicains poussent de cris d’orfraie. Barack Obama a bien évidemment jugé « scandaleux » de tels ciblages. Il a pris soin d’indiquer qu’il n’était au courant de rien. Mais l’affaire est venimeuse. Elle donne des arguments à tous ceux qui dénoncent le caractère liberticide de l’Etat. Elle pourrait donner un regain d’énergie au Tea Party, qui a perdu l’élan qui était le sien encore en 2010. Elle pourrait même provoquer un rapprochement entre le Tea Party et ceux des républicains qui avaient préféré prendre leurs distances avec le mouvement.

Deuxième affaire embarrassante : le département de la Justice a saisi deux mois de relevés téléphoniques de certains journalistes de l’agence de presse Associated Press (AP). Le ministre de la Justice a justifié ses saisies par des soupçons de complot terroriste d’Al-Qaida. AP estime que les autorités ont violé les garanties constitutionnelles sur la presse. Ce qui ajoute une pièce à charge dans le procès à l’encontre de l’Etat inquisiteur.

Enfin, troisième dossier empoisonné : les suites de l’attaque terroriste contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, en septembre 2012. Les républicains soupçonnent la Maison-Blanche et le département d’Etat, alors dirigé par Hillary Clinton, d’avoir minimisé l’attentat. Dans le but de masquer les failles de sécurité qui l’ont facilité et de ne pas nuire à la réélection du président. Les républicains ne perdent pas de vue que cette affaire peut discréditer une candidature d’Hillary Clinton en 2016 – oui, à Washington, tout le monde pense déjà à 2016. Le Grand Old Party (GOP) est déjà parvenu à empêcher la nomination de Susan Rice, ambassadrice à l’ONU au moment des faits, à la tête du département d’Etat.

Ce qui inquiète beaucoup le camp démocrate, c’est la mollesse de la réaction de la Maison-Blanche. Barack Obama a attendu mercredi soir pour limoger le patron de l’IRS, Steven Miller. Il s’est contenté de ressusciter une vieille proposition de loi de 2009 sur la protection des sources journalistiques et de rendre publics des emails de préparation des « éléments de langage » sur Benghazi. Des anciens conseillers de Barack Obama et de Bill Clinton s’alarment et recommandent au président de constituer une cellule de crise sur le modèle de celle de Bill Clinton. David Axelrod, un des plus proches conseillers du président au cours du premier mandat, a estimé que la réplique d’Obama au ciblage de l’IRS aurait pu être « plus acérée ». C’est le tempérament profond du président d’être prudent et de vouloir connaître tous les tenants et aboutissants avant de commenter, reconnaît David Axelrod. Mais, de nos jours, cela n’est pas toujours la méthode la plus efficace. Comme le souligne Mike McCurry, ancien conseiller presse de Bill Clinton, « l’environnement médiatique est beaucoup plus compliqué aujourd’hui, à cause des réseaux sociaux, sur lesquels tout est amplifié ».

De fait, l’échiquier politique américain a déjà bougé. Des élus démocrates ont pris leurs distances vis-à-vis du président. Notamment ceux qui reviennent devant leurs électeurs en 2014. Des élus républicains modérés, qui paraissaient encore récemment pouvoir jeter des ponts entre deux partis à couteaux tirés, se sont brusquement raidis. La sénatrice du Maine Susan Collins a descendu en flammes l’IRS. Le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham a qualifié une des interventions publiques de Barack Obama de « dégoûtante ». Il devient plus difficile, pour un conservateur, d’endosser le rôle de conciliateur.

Les espoirs du président d’une législature moins partisane, au cours de son second mandat, semblent donc s’évaporer chaque jour un peu plus. Comme la remarque le journal « Politico », un tiers de toutes les commissions de la Chambre des représentants ont entamé une enquête sur l’administration en place. Des procédures qui vont s’éterniser et contribuer à tendre le climat politique. Or, pour faire avancer ses grands projets de réforme, sur l’immigration, le salaire minimum, les infrastructures, l’éducation, le climat, Barack Obama, qui a déjà perdu la bataille des armes à feu, aurait besoin du soutien le plus large possible.

Au cours d’un dîner de gala, lundi, destiné à récolter des fonds pour les élections de 2014, le président n’a pu cacher son amertume : « Je pensais qu’en battant les républicains en 2012, je ferai retomber la fièvre partisane à Washington, pourtant elle ne retombe pas, visiblement. Mais je suis persévérant. » Et d’ajouter, pour ceux qui en douteraient : « Mon intention pour les trois ans et demi qui viennent, c’est de gouverner. »

Les points à retenir

Attaqué sur plusieurs fronts, Barack Obama a traversé sa pire semaine de 2013.

Il est fragilisé par les révélations sur les contrôles ciblés de l’administration fiscale, visant des groupes conservateurs.

Et continue de se voir reprocher la gestion de l’attaque terroriste contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, l’an passé.

Ses espoirs d’une législature moins partisane au cours de son second mandat semblent s’évaporer chaque jour un peu plus.

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