Microsoft ou l’art d’être riche et fragile à la fois
Bill Gates a créé un géant monopolistique à qui rien, ou presque, ne résistait. Son héritier, Steve Ballmer, est passé à côté des nouveaux marchés et a commencé à dilapider l’héritage. Que fera Satya Nadella, troisième patron de l’histoire de Microsoft ?
Au moment de prendre les commandes du colosse de Seattle, cet ingénieur spécialisé en informatique, qui a déjà passé plus de deux décennies au sein de ce groupe, peut s’appuyer sur de nombreux atouts. Avec ses 100.000 salariés, son chiffre d’affairesde quelque 80 milliards de dollars et une marge bénéficiaire tournant autour de 35 %, le géant du logiciel reste une incroyable machine à cash. Même si Steve Ballmer, copain de fac de Bill Gates, laisse une entreprise fragilisée, l’ex-« empire du mal » qui dominait toute la tech s’est paradoxalement renforcé sur un plan financier depuis le début des années 2000. En treize années de présidence, porté par la mondialisation et l’enrichissement d’une planète de plus en plus technophile, le volubile Ballmer a plus que triplé le chiffre d’affaires et doublé les bénéfices ! Mais il est passé à côté des dernières révolutions technologiques. Amazon domine l’e-commerce, Apple le marché des smartphones et des tablettes (devant Samsung), Facebook a inventé les réseaux sociaux et Google s’est imposé comme l’incontestable poste d’aiguillage du Web. Depuis le début du siècle, Microsoft s’est fait doubler sur tous ces fronts par des groupes partis de rien ou de pas grand-chose. Il s’est laissé porter par son marché, mais n’a pas su en conquérir de nouveaux.
Bill Gates avait réussi à mettre un micro-ordinateur sur chaque bureau et à en contrôler l’intelligence comme la valeur ajoutée. Mais Steve Jobs et les pionniers du Net ont mis dans nos poches et sur nos genoux de nouveaux gadgets et services qui fonctionnent sans avoir besoin du moindre logiciel made in Microsoft. Le père d’Excel et de Word était incontournable au coeur de notre vie professionnelle. A l’heure où l’informatique est plus tirée par la demande grand public que par les besoins du monde productif, Microsoft se ringardise. Le challenge qui attend le nouveau CEO est donc double. Dans un univers technologique où les révolutions permanentes rebattent sans arrêt les cartes, défendre l’héritage et les vaches à lait (Windows, Office…) sera déjà compliqué. Mais il faudra en plus réussir l’indispensable révolution culturelle grand public dont Microsoft ne peut plus faire l’économie. La réussite des Xbox dans l’univers des jeux prouve que cela est possible. Reste à voir si un nouveau patron et le coûteux rachat de Nokia permettront au groupe de relever ce pari pas impossible mais difficile.
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