Deux mois sont passés et ce n’est plus le même homme. Humilié par le triomphe des républicains aux élections parlementaires, Barack Obama a donné mardi soir l’image d’un président fort, qui n’a pas à rougir de son bilan et qui fait fi du Congrès pour imposer des réformes ambitieuses : normalisation des relations avec Cuba (lire ci-dessous), régularisation massive des sans-papiers et lutte contre la pollution. « Nous avons là un nouveau Barack Obama, bien décidé à agir de manière audacieuse », commente Allan Lichtman, professeur de politique à l’American University. Prononçant son traditionnel discours sur l’état de l’Union, le président a mis en sourdine les querelles qui ne cessent de polluer la vie politique à Washington pour galvaniser l’opinion et saluer une Amérique combattante, qui « s’est libérée de la crise comme nul autre pays sur Terre ». Au risque d’agacer ses alliés, il a vanté une Amérique qui « crée plus d’emplois que l’Europe, le Japon et la plupart des autres puissances occidentales combinés ».
Le pays a effectivement créé 3 millions d’emplois l’an dernier. Il s’impose comme le principal moteur de la croissance mondiale aujourd’hui (5 % en rythme annualisé au troisième trimestre). « L’ombre de la crise est passée. L’état de l’Union est fort ! » a lancé Barack Obama sous un tonnerre d’applaudissements. Tranchant avec les discours des cinq années précédentes, le président s’est même permis une certaine familiarité : « Ce sont de bonnes nouvelles, les gars ! » a-t-il lancé dans un cénacle habitué à un peu plus de solennité.
« Ce sont de bonnes nouvelles, les gars ! »
Les Américains lui en savent visiblement gré. Après avoir affiché une popularité au plus bas, Barack Obama connaît un redressement spectaculaire. Sa cote est passée de 40 % à 46 % en l’espace de quatre mois, selon le dernier sondage publié par le « Wall Street Journal ». « C’est une sorte de renaissance. Barack Obama a enfin de bonnes nouvelles à annoncer aux Américains », résume Elaine Kamarck, du Brookings Institute. Le président ne s’est toutefois pas totalement réconcilié avec les classes moyennes, qui continuent de voir leurs salaires stagner, voire régresser. Même si elles n’ont aucune chance d’être votées au Congrès, il a donc proposé une série de mesures pour améliorer leur pouvoir d’achat et leur mobilité : hausse du salaire minimum, développement des congés maladie – 43 millions d’Américains n’y ont pas accès aujourd’hui -, gratuité des formations universitaires courtes, etc. Si le satisfecit de Barack Obama se justifie sur le plan économique, son optimisme sur la scène étrangère a beaucoup surpris, voire choqué, compte tenu des récents attentats en France : « On attendait de savoir si Barack Obama allait célébrer les succès de sa politique étrangère. A ma grande surprise, c’est ce qu’il a fait », commente Bill Galston, expert au Brookings Institute. Le président a notamment affirmé que l’Amérique avait stoppé l’avancée de l’Etat islamique (également appelé Daech). C’est peut-être vrai en Irak, mais ce n’est certainement pas le cas en Syrie, estiment la plupart des experts en diplomatie. (Bureau de New York)
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