Hillary and Jeb: Far from Being the ‘Inevitable’ Candidates

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Hillary et Jeb: loin d’être «inévitables»

Si les deux candidats veulent occuper le Bureau ovale, ils devront le mériter

Ce n’est pas seulement le beau temps qui accompagnera la venue du printemps : les prochaines semaines marqueront vraisemblablement le début officiel de la campagne présidentielle américaine de 2016. En effet, plusieurs aspirants devraient officiellement annoncer leur candidature sous peu. Le 22e amendement de la Constitution interdit, on le sait, au président sortant, Barack Obama, de solliciter un troisième mandat.

Or, à entendre bon nombre de voix s’élevant dans les médias depuis les derniers mois, le scénario serait déjà largement connu d’avance. Les républicains sélectionneraient Jeb Bush, fils et frère des deux derniers présidents ayant porté les couleurs du parti. Les démocrates réserveraient pour leur part un couronnement à Hillary Clinton, également vue comme favorite pour remporter l’élection générale. Nous assisterions donc à la septième élection présidentielle sur les neuf dernières lors de laquelle le nom d’au moins un membre de ces deux dynasties apparaît sur les bulletins de vote.

Hillary Clinton, plus vulnérable qu’à première vue

Cette projection a beau être actuellement populaire auprès de nombre de journalistes et de commentateurs, elle trahit une lecture superficielle de la situation. Tout d’abord, aucune victoire n’est « inévitable » plus d’un an avant la tenue d’un scrutin. Doit-on rappeler qu’au même stade lors de sa première campagne présidentielle, il y a huit ans, Clinton était également largement présentée comme invincible ? Pourtant, la seule victoire électorale qu’elle avait remportée était un siège de l’État de New York au Sénat en 2000 et en 2006, ayant eu le chemin libre face à des adversaires sans envergure. Or, New York est plus démocrate que le Texas est républicain ; se serait-on épaté des prouesses politiques de Laura Bush si elle y avait remporté un siège ?

La seule course électorale moindrement difficile qu’ait connue Clinton au cours de sa carrière a été celle pour l’investiture présidentielle démocrate de 2008. Elle l’a perdue. Au-delà du charisme de Barack Obama, plusieurs facteurs ont contribué à sa défaite, notamment une équipe de campagne dysfonctionnelle et une série de bévues, de tergiversations et d’exagérations de la part de la principale intéressée elle-même. Contrairement à son mari, considéré à juste titre comme le politicien le plus doué de sa génération, elle démontre souvent un flagrant manque de flair et de talent politiques.

Seulement depuis le lancement de ses mémoires l’été dernier, Clinton a commis un nombre remarquable de bourdes. Les exemples incluent sa déclaration qu’elle et Bill étaient « complètement fauchés » financièrement après leur départ de la Maison-Blanche ; son cafouillage lorsqu’elle a été interrogée sur le mariage entre conjoints de même sexe ; et les récentes révélations sur sa violation des règles sur les communications électroniques alors qu’elle était secrétaire d’État. Alors que l’appétit de l’électorat pour le changement est vorace et le dégoût envers les élites politiques profond, elle incarne, à 67 ans et après plus de deux décennies à Washington, le statu quo.

Jeb Bush, solution de rechange douteuse

Paradoxalement, Jeb Bush s’avère être un candidat exceptionnellement mal placé pour exploiter ces faiblesses lors d’une élection générale. D’abord et avant tout, il procurerait aux démocrates la possibilité de transformer le prochain scrutin en référendum sur les dernières présidences Bush et Clinton — un contraste n’étant assurément pas à l’avantage du Grand Old Party. Alors que Bill Clinton avait quitté ses fonctions avec un taux d’approbation avoisinant les 60 %, George W. Bush atteignait quant à lui un niveau d’impopularité jamais vu pour un président américain depuis la démission de Richard Nixon, laissant le pays au milieu de deux guerres et d’une crise économique et financière mondiale. Selon une étude menée en janvier par le Centre Annenberg en politiques publiques de l’Université de la Pennsylvanie, Jeb Bush commencerait la campagne avec une résistance prononcée dans l’électorat à l’idée de voir un membre de sa famille diriger le pays pour la troisième fois en un quart de siècle.

Sexagénaire comme Clinton, ses premières interventions publiques en tant que candidat prospectif ont été, pour le moins, peu impressionnantes. S’il doit porter le fardeau du bilan négatif de son frère aîné, force est de constater à ce jour qu’il ne possède pas pour autant la fougue de ce dernier comme candidat. Le manque d’inspiration suscité par Bush pourrait particulièrement ressortir lors des primaires républicaines. Si Mitt Romney était parvenu, malgré le manque d’enthousiasme à son égard, à émerger de primaires caractérisées par un cruel manque de candidats solides en 2012, Jeb Bush n’aura pas droit au même luxe en 2016. Cette fois, les électeurs républicains pourraient avoir une solution de rechange crédible — sinon plusieurs — au favori de l’élite du parti.

Les États-Unis sont nés d’une rupture violente et passionnée avec la monarchie. Deux siècles plus tard, ils n’en sont pas devenus une. Si Hillary Clinton et Jeb Bush veulent occuper le Bureau ovale, ils devront le mériter. C’est encore loin d’être fait, et le parcours s’annonce long. Que la course commence.

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