Thomas Piketty ne renierait sans doute pas ce tableau. Les inégalités se creusent aussi parmi les grands groupes internationaux, où une caste de géants boursiers est en train de prendre le pouvoir. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le classement des 100 premières capitalisations mondiales établi chaque année par PwC. Que peut-on y voir ? Que la plus grosse d’entre elles, Apple, a vu sa taille augmenter de 54 % en un an. Que 13 sociétés dépassent désormais les 250 milliards de capitalisation, quand elles étaient seulement 2 en 2009. Ou encore qu’il faut peser plus de 85 milliards pour intégrer le Top 100, deux fois plus qu’il y a six ans… Ces mastodontes boursiers viennent majoritairement des rangs d’USA Inc : les Etats-Unis trustent les cinq premières places et plus de la moitié du classement. La Chine et le Royaume-Uni font de la résistance. La France perd du terrain avec 4 membres seulement, contre 6 l’année dernière, à l’image d’une zone euro déclinante. A quoi tient la réussite des leaders ? A la force du dollar et de Wall Street en grande partie, pour les Américains. A la taille du marché chinois et à la volonté de Pékin de construire des géants boursiers. Mais pas seulement. Il existe de plus en plus un « effet taille », qui permet à quelques grands groupes de rayonner à l’international, de procéder à des acquisitions agressives et d’attirer toujours plus d’actionnaires. Un effet taille, surtout, qui démultiplie leur capacité d’innovation. Il n’est pas étonnant de retrouver dans le Top 100 nombre de jeunes sociétés high-tech (Facebook, Alibaba) ou de biotechnologies (Gilead, Amgen). Apple valait seulement quelques milliards il y a 17 ans, Google naissait à peine à cette époque. La France, dont le CAC 40 fait encore très « vieille économie », pourrait en tirer quelques leçons.
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