Hillary Clinton a eu sa vraie chance en 2008. Elle était plus jeune, elle apparaissait alors comme une figure relativement neuve et fraîche. Et elle traînait beaucoup moins de casseroles derrière elle.
Son bilan n’avait pas encore été affecté par les erreurs qu’elle allait ensuite commettre comme chef de la diplomatie américaine. Elle était moins liée à Wall Street.
Et l’idée de voir une première femme accéder à la Maison-Blanche suscitait beaucoup plus d’enthousiasme qu’aujourd’hui.
En 2016, on ne compte plus les femmes en position de pouvoir, de Christine Lagarde au FMI à Angela Merkel, la femme la plus puissante d’Europe qui n’en était, il y a huit ans, qu’à ses débuts comme chancelière.
Une femme à la tête des États-Unis représenterait certes une autre belle avancée symbolique, mais cela n’aurait plus grand’chose de révolutionnaire, surtout à un moment où la puissance américaine est en déclin sur la scène internationale.
Hillary Clinton, bien sûr, reste créditée des indéniables qualités qui font sa force : sa vive intelligence, sa dignité innée, sa longue expérience de l’action politique et gouvernementale, les valeurs progressistes qu’elle professe depuis toujours. Mais elle n’a plus l’éclat qui l’aurait propulsée au pouvoir en 2008… si elle n’avait fait face à un candidat plus charismatique.
Sans qu’elle en soit seule responsable, son long passage au Département d’État a coïncidé avec cette période qui a vu les États-Unis mener, tant à propos de l’Ukraine que du Proche-Orient, une politique hésitante et floue.
Ce qui toutefois lui appartient en propre se résume en trois mots : « Libye », « Benghazi » et « courriels ».
C’est elle qui, en 2011, a fait pencher Obama en faveur d’une intervention militaire en Libye – une opération dont on ne cesse de mesurer les effets catastrophiques. Mme Clinton était aussi en faveur de l’invasion de l’Irak en 2003. Gros manque de jugement dans les deux cas.
Après l’attaque terroriste de 2012 à l’ambassade de Benghazi qui a coûté la vie à l’ambassadeur américain et à un haut fonctionnaire, Mme Clinton a dû admettre sa responsabilité. Son département avait en effet refusé les requêtes de l’ambassade pour le renforcement de la sécurité.
Elle a aussi été fortement blâmée pour avoir initialement attribué l’attaque à une réaction populaire contre une vidéo islamophobe américaine.
Autre élément qui a terni son trop long passage au Département d’État : elle a systématiquement utilisé le serveur de la famille Clinton plutôt que celui, évidemment plus sécurisé, de l’administration fédérale. Le département d’État a découvert que parmi ces dizaines de milliers de messages auxquels des « hackeurs » auraient pu avoir accès, se trouvaient 1200 messages confidentiels et 22 classés « top secret ».
Une erreur incroyable dont on ne sait s’il faut l’attribuer à l’inconscience ou à l’arrogance pure et simple, comme dans « moi Hillary, je fais comme bon me semble et ne me fie qu’à ma propre messagerie… ».
L’un des problèmes de Mme Clinton est d’avoir été trop vue, d’être depuis trop longtemps dans le paysage, de faire partie d’un « power couple » qui semble croire que tout lui est dû, y compris la présidence du pays et l’enrichissement rapide et considérable dû à la notoriété politique de Bill Clinton et maintenant de sa femme.
Pour l’électeur moyen, les événements de Benghazi et l’affaire des courriels seront de l’histoire ancienne quand viendra la campagne présidentielle, mais il y a un dossier qui continuera de la hanter – précisément le clou sur lequel tape sans relâche son adversaire démocrate Bernie Sanders.
C’est celui de ses liens avec Wall Street et les géants de la haute finance qui ont fait des Clinton des multimillionnaires et, plus récemment, octroyé à Hillary Clinton des honoraires aussi somptueux que disproportionnés pour ses « conférences ». On y revient la semaine prochaine.
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