Les immigrés au cœur de l’innovation américaine
Ils sont surreprésentés dans le secteur des sciences et des technologies, apportant de nombreux brevets au pays. Un effet d’aubaine qui bénéficie à toute l’économie.
«L’afflux de travailleurs étrangers maintient les salaires bas et le chômage élevé», affirme le site de campagne de Donald Trump, candidat républicain à l’élection présidentielle américaine. Pour aider les travailleurs américains, Donald Trump propose de rendre plus difficile pour les entreprises le recrutement des travailleurs étrangers avec les visas H-1B. Ces visas sont utilisés principalement pour attirer des travailleurs hautement qualifiés dans le domaine des sciences et des technologies.
Lorsqu’il était petit, Pierre Omydiar a émigré avec ses parents vers les Etats-Unis afin que son père puisse travailler comme médecin à la prestigieuse université Johns Hopkins. Français d’origine iranienne, Pierre Omydiar a fondé eBay aux Etats-Unis en 1995. Ainsi, l’une des plus grandes entreprises Internet américaines a été créée par un immigré français
Et Pierre Omydiar est loin d’être le seul. Les immigrés aux Etats-Unis sont surreprésentés dans le domaine des sciences et de la technologie. Un quart des membres de l’Académie des sciences américaine sont des immigrants (Stephan et Levin, 2001). Ils représentent aussi un quart des scientifiques ayant contribué à fonder les start-up de biotechnologie qui ont été introduites en Bourse. Un quart des brevets américains sont déposés par des immigrés (1).
Les Etats américains qui ont reçu le plus de diplômés étrangers depuis 1940 ont vu une nette augmentation de leur nombre de brevets (Hunt et Gauthier-Loiselle, 2010). Le visa H-1B, critiqué par Trump, est lui-même un facteur important de cette innovation. Ainsi, lorsque leur nombre augmente, celui de brevets déposés par les travailleurs étrangers suit (2).
Mais l’afflux de tous ces travailleurs extérieurs aurait-il des effets négatifs sur les salariés américains ? Trump aurait-il raison ? Les études scientifiques menées sur le sujet montrent que l’afflux de travailleurs étrangers hautement qualifiés stimule également le dépôt de brevets par des Américains. Ils génèrent un corpus scientifique que les Américains peuvent aussi utiliser, et les collaborations renforcent cet effet positif.
Les études ont également montré que ces visas avaient particulièrement bénéficié à des villes ayant déjà des communautés d’origine étrangère importantes, les immigrés ayant tendance à rejoindre d’anciens compatriotes. Et on observe que la courbe des salaires et celle du nombre de visas attribués sont liées, la proportion de travailleurs étrangers dans les sciences et technologies augmente considérablement les salaires des Américains diplômés ou non (3).
Etant donné que l’innovation joue un rôle majeur dans la croissance économique, l’afflux d’immigrants par le visa H-1B stimule la croissance américaine à long terme.
Encore une fois, Trump se trompe. Pour être fidèle à son slogan, «Make America great again» (rendre sa grandeur à l’Amérique), il devrait, au contraire, encourager l’immigration via les visas H-1B.
(1) Hunt et Gauthier-Loiselle, 2010 : http://ftp.iza.org/dp3921.pdf
(2) Kerr et Lincoln, 2010, http://www.hbs.edu/faculty/Publication%20Files/09-005.pdf
(3) Peri, Shih et Sparber, 2014, http://www.nber.org/papers/w20093
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