A Pardon for Chelsea Manning: Obama Relaxes His ‘War On Whistleblowers’

Published in Le Monde
(France) on 18 January 2017
by Damien Leloup (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Elizabeth Cosgriff.
By reducing the sentence of former soldier Manning who sent documents to WikiLeaks, the outgoing president took a rare step in favor of whistleblowers.

By announcing on Tuesday, Jan. 17 that he had commuted the prison sentence of whistleblower Chelsea Manning, Barack Obama achieved a tour de force, eliciting the “sincere thanks” of Edward Snowden, the whistleblower who revealed the existence of a mass surveillance program at the National Security Agency.

The event is even more remarkable given that the Obama administration took the most severe position in U.S. history in responding to whistleblowers, with active prosecutions of a dozen people who leaked documents to the press. But more than the number of prosecutions, it was their nature that made the president subject to vigorous criticism. Manning, Snowden and his predecessor, Thomas Drake, were all charged under the Espionage Act, a particularly severe law conceived, as its name indicates, to prosecute espionage.

Enacted in 1917, this law notably provides that the act of revealing confidential documents in the public interest does not constitute an acceptable defense, and its use thus serves to negate even the concept of a “whistleblower.” Snowden never denied that he had acted illegally – but has always explained that he acted for the common good. Amnesty International, which has led several campaigns seeking pardons for Manning and Snowden, said the law is “outdated and ill-equipped to deal with the circumstances” of these documents. Numerous civil rights activists and nongovernmental organizations have been calling for the repeal of this law for years.

A Symbolic but Limited Action

Three days before the end of his term, did Obama decide, as Wired magazine put it, on a “ceasefire in his war on leakers?” For many activists defending whistleblowers, the clemency accorded to Manning is a step in the right direction, but comes too late, and still represents too little. “The war on whistleblowers must be stopped now and cannot continue under the next presidency,” lawyers for WikiLeaks said in a press release.*

Donald Trump, and the Republican Party in general, have traditionally defended harsh sanctions against whistleblowers, including in the military and in the intelligence community – but some Republican politicians changed their minds after the publication by WikiLeaks of the Democratic Party’s internal documents. Former vice-presidential candidate Sarah Palin, whose emails were published by WikiLeaks in 2008 and who has described Julian Assange as “an anti-American operative with blood on his hands,” even apologized to Assange, the founder of WikiLeaks, thanking him for having “finally opened people’s eyes” to the Democratic Party.

Intelligence Agency Powers Strengthened

Above all, defenders of individual liberties note that Obama refused to learn from the revelations of Thomas Drake, Snowden and Manning. After the disclosure of the existence of the NSA’s web surveillance programs, the president successfully implemented intelligence reforms, but they were deemed largely inadequate by privacy advocates. And a few days before commuting Manning’s sentence, Obama again extended the powers of intelligence agencies by authorizing the NSA to share more information with the 16 other U.S. agencies.

On Jan. 17, the outgoing president also extended clemency to another “whistleblower,” albeit someone not as well known as Manning: James Cartwright, a retired U.S. Army general. Cartwright had spoken to journalists about a secret Iranian nuclear program, and subsequently lied to a federal investigation commission about the leaks concerning the program. He finally pleaded guilty, admitting that he had spoken with journalists, but explaining that he had simply tried to convince the journalists not to publish their information on that file.

According to The New York Times, Obama made his decision in part due to Cartwright’s explanations, and in part because one of the journalists that had revealed the existence of the program had written to him to confirm that he knew of the file’s existence before speaking to the general. The journalist risked a light sentence – a few hundred hours of community service – and was to be convicted in January. In contrast to Manning, whose punishment was mitigated, Cartwright benefited from a complete pardon. But Cartwright was not just any general. A member of the National Security Council during Obama’s first term, he was known as the president’s “favorite general.”

*Editor’s note: This quote, although accurately translated, could not be independently verified.


Clémence pour Chelsea Manning : Obama adoucit un peu sa « guerre contre les lanceurs d’alerte »
La réduction de peine accordée à l’ex-soldate Manning, qui avait transmis des documents à WikiLeaks, est l’une des rares mesures du président en faveur des lanceurs d’alerte.

En annonçant, mardi 17 janvier, qu’il commuait la peine de prison de la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, Barack Obama a réussi un tour de force : s’attirer les « remerciements sincères » d’Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a révélé l’existence des programmes de surveillance de masse de la NSA, l’Agence nationale de la sécurité américaine.
L’événement est d’autant plus remarquable que l’administration Obama a été, de loin, la plus sévère envers les lanceurs d’alerte de l’histoire des Etats-Unis, avec des poursuites engagées contre une dizaine de personnes ayant transmis des documents à la presse. Mais plus que le nombre de poursuites, c’est surtout leur nature qui a valu au président sortant de virulentes critiques : Chelsea Manning, comme Edward Snowden ou son prédécesseur Thomas Drake, ont tous été inculpés sous le régime de l’Espionage Act, une loi particulièrement sévère conçue, comme son nom l’indique, pour poursuivre les faits d’espionnage.
Adoptée en 1917, cette loi prévoit notamment que le fait de révéler des documents confidentiels dans l’intérêt public ne constitue pas une défense acceptable, et son usage revient donc à nier le concept même de « lanceur d’alerte ». Edward Snowden n’a jamais contesté avoir agi illégalement – mais a toujours expliqué avoir agi pour l’intérêt général, et pour Amnesty International, qui a mené plusieurs campagnes demandant la grâce de Chelsea Manning et d’Edward Snowden, c’est « un texte dépassé et inadapté au contexte » de ces dossiers. De nombreux militants des droits civiques et ONG appellent depuis des années à l’abrogation de cette loi.
Une action symbolique mais limitée
A trois jours de la fin de son mandat, Barack Obama a-t-il décidé, comme le formule le magazine spécialisé Wired, d’un « cessez-le-feu dans sa guerre contre les lanceurs d’alerte » ? Pour beaucoup de militants défendant les lanceurs d’alerte, la clémence accordée à Chelsea Manning est un pas dans la bonne direction, mais intervient trop tard, et représente encore trop peu. « La guerre contre les lanceurs d’alerte devrait s’achever maintenant et ne pas se poursuivre sous la prochaine présidence », ont regretté les avocats de WikiLeaks dans un communiqué.
Donald Trump, et le parti républicain de manière générale, ont traditionnellement défendu des sanctions très dures contre les lanceurs d’alerte, notamment dans l’armée et les services de renseignement – mais certains élus républicains ont changé d’avis après la publication par WikiLeaks de documents internes du Parti démocrate. L’ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin, dont des e-mails avaient été publiés par WikiLeaks en 2008 et qui avait qualifié Julian Assange d’« agent antiaméricain qui a du sang sur les mains », a même présenté ses excuses à Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, le remerciant d’avoir « ouvert les yeux du peuple américain » sur le Parti démocrate.
Pouvoirs des services de renseignement renforcés
Surtout, les défenseurs des libertés individuelles considèrent que Barack Obama a refusé de tirer les enseignements des révélations de Thomas Drake, Edward Snowden ou Chelsea Manning. Après la révélation de l’existence des programmes de surveillance du Web de la NSA, le président a bien fait passer une réforme du renseignement, mais cette dernière est jugée très largement insuffisante par les défenseurs de la vie privée. Et quelques jours avant de commuer la sentence de Chelsea Manning, Barack Obama a, une nouvelle fois, étendu les pouvoirs des agences de renseignement, en autorisant la NSA à partager davantage d’informations avec les seize autres agences américaines.
Ce 17 janvier, le président sortant a aussi fait preuve de clémence envers un autre « lanceur d’alerte », au parcours plus discret que celui de Chelsea Manning. James Cartwright, un général à la retraite de l’armée américaine. M. Cartwright avait parlé à des journalistes de l’existence d’un programme secret de surveillance du nucléaire iranien, et avait ensuite menti à une commission d’enquête fédérale sur les fuites concernant ce programme. Il avait finalement plaidé coupable, reconnaissant avoir parlé à des journalistes, mais expliquant qu’il avait simplement tenté de convaincre les journalistes de ne pas publier leurs informations sur ce dossier.
Selon le New York Times, Barack Obama a pris sa décision en partie en raison des explications de M. Cartwright, et en partie parce que l’un des journalistes ayant révélé l’existence du programme lui avait écrit pour confirmer qu’il connaissait l’existence du dossier avant de parler au général. Ce dernier risquait une peine légère – quelques centaines d’heures de travaux d’intérêt général – et devait connaître sa condamnation courant janvier. Contrairement à Chelsea Manning, dont la peine a été adoucie, il a bénéficié d’une grâce complète. Mais M. Cartwright n’était pas non plus n’importe quel général : membre du conseil de sécurité nationale lors du premier mandat Obama, il était réputé être « le général préféré du président ».
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