In the past month, the United States directly struck Bashar al-Assad’s forces and the Shiite militias that support them at least four times. The most notable of these to date took place June 18, when an American F-18 shot down a Syrian fighter plane. Yet, the progression of the campaign against the Islamic State risks plunging the United States into a complex regional conflict they should have every reason to avoid.
With the coming recapture of Mosul in Iraq and the assault on Raqqa in Syria, the Islamic State group is on the verge of losing its strongholds in territory that it had conquered at the height of its power in June 2014. But the fight against the terrorist organization is not finished.
Some of its troops and leaders have relocated to the Deir ez-Zor province. The U.S. military has begun hunting them down because it is concerned about leaving this region in eastern Syria, which borders Iraq, in the hands of the terrorist group.
The Temptation to Confront Tehran
Thrust into an operation to recapture Syrian territory, Bashar al-Assad’s troops and their allies, Shiite militias supported by Tehran, are also active in this region. As a result, this next phase of the fight against the Islamic State group’s army is likely to make the U.S. a player in the vast regional conflict between Sunnis and Shiites, in which Syria has become one of the main theaters.
Barack Obama, like George W. Bush, was very careful not to involve Washington in this conflict between Saudi Arabia and Iran. Donald Trump seems determined not to exercise the same caution. During his speech in Riyadh at the end of May, he put himself clearly in the Sunni camp led by Saudi Arabia and praised their efforts to isolate Shiite Iran.
Some members of his administration, notably Ezra Cohen-Watnick and Derek Harvey, respectively senior director for intelligence programs and chief Middle East adviser at the National Security Council,* even consider developments in Syria as an opportunity to confront Tehran and its allies.
Their goal is to make sure that Iran does not become the dominant regional player by amassing territory covering Iraq, Syria and Lebanon.
This hard line is not, however, shared by others in the Trump administration. Secretary of Defense James Mattis, as well as military officials and diplomats, believe that they are endangering the fight against the Islamic State group. American troops deployed in Syria as well as in Iraq could be subjected to reprisals from Shiite militants supervised by the Iranian Revolutionary Guards.
In the worst-case scenario, escalating tensions between Washington and Tehran could lead to the abandonment of the nuclear accord, signed in July 2015, and thus reopen the possibility of war between the U.S. and Iran.
Although the White House is re-evaluating U.S. policy toward Iran, it is hoped that Donald Trump will not yield to the temptation of the hard line.
More fundamentally, the risks generated by the progressing fight against the Islamic State group highlight the dangers of resorting to force without strategy or political vision. In this regard, Obama is as much at fault as Trump, and the coalition partners against the Islamic State group are as much at fault as the U.S. that leads them.
Since 2014, this coalition’s only goal has been to destroy the terrorist organization. Now that the Islamic State group is about to lose most of its territory, no serious reflection seems to have taken place in Washington or in the capitals of the countries most involved in the future of the Middle East.
The stakes are, however, colossal. What must be done to end the civil wars in Syria and Yemen? How will the disputes between rival regional powers be managed? What is the status of the regions controlled by Kurds, which are at the heart of the fight against the Islamic State group, in Iraq and Syria?
It is only by providing answers—and they certainly won’t be obvious—to these key questions that the United States and its partners can prevent a volatile situation from degenerating into a widespread conflict.
*Editor’s Note: Derek Harvey’s title, as listed on LinkedIn, is Special Assistant to the President, Senior Director for the Middle East.
Une victoire risquée contre le groupe EI
Au cours du dernier mois, les États-Unis ont directement frappé les forces de Bachar al-Assad et les milices chiites qui le soutiennent à au moins quatre reprises. L’épisode le plus marquant jusqu’à maintenant s’est produit dimanche dernier, alors qu’un F-18 américain a abattu un avion de chasse syrien. De fait, il apparaît que la progression de la campagne contre le groupe État islamique risque de plonger les États-Unis dans un conflit régional complexe qu’ils auraient pourtant tout intérêt à éviter.
Avec la reconquête prochaine de Mossoul, en Irak, et l’assaut sur Raqqa, en Syrie, le groupe État islamique est sur le point de perdre ses places fortes et l’essentiel du territoire qu’il avait conquis à son apogée en juin 2014. La lutte contre l’organisation terroriste n’est cependant pas terminée.
Celle-ci a en effet relocalisé une partie de ses troupes et de ses dirigeants dans la province de Deir ez-Zor. Soucieux de ne pas laisser cette région de l’est de la Syrie, limitrophe de l’Irak, aux mains du groupe terroriste, les militaires américains ont entrepris de l’y traquer.
La tentation d’affronter Téhéran
Lancées dans une opération de reconquête du territoire syrien, les troupes de Bachar al-Assad et leurs alliées que sont les milices chiites appuyées par Téhéran sont également actives dans cette région. Dès lors, cette prochaine phase de la lutte contre le groupe armé État islamique risque de faire des États-Unis un acteur du vaste conflit régional qui oppose sunnites et chiites, et dont la Syrie est devenue un des principaux théâtres.
Barack Obama, comme George W. Bush, s’était bien gardé d’impliquer Washington dans cet affrontement qui oppose l’Arabie saoudite et l’Iran. Donald Trump semble déterminé à ne pas faire preuve de la même prudence. Lors de son discours à Riyad, fin mai, il s’est ainsi clairement rangé dans le camp sunnite emmené par l’Arabie saoudite et a salué ses efforts pour isoler l’Iran chiite.
Certains membres de son gouvernement, notamment Ezra Cohen-Watnick et Derek Harvey, respectivement directeur du renseignement et conseiller principal pour le Moyen-Orient au sein du Conseil de sécurité nationale, considèrent même l’évolution de la situation en Syrie comme une occasion d’affronter Téhéran et ses alliés.
Leur objectif est d’empêcher que l’Iran ne devienne l’acteur régional dominant en disposant d’une assise territoriale couvrant l’Irak, la Syrie et le Liban.
Cette ligne dure ne fait cependant pas l’unanimité au sein du gouvernement Trump. Le secrétaire à la Défense, James Mattis, ainsi que les responsables militaires et les diplomates estiment qu’elle met en péril la lutte contre l’organisation État islamique. Les troupes américaines déployées en Syrie autant qu’en Irak pourraient faire l’objet de représailles de la part des milices chiites encadrées par les gardes de la révolution iraniens.
Dans le pire des scénarios, l’escalade des tensions entre Washington et Téhéran pourrait déboucher sur l’abandon de l’accord sur le nucléaire, signé en juillet 2015, et donc rouvrir la possibilité d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran.
Alors que la Maison-Blanche est engagée dans un processus de réévaluation de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran, il faut espérer que Donald Trump ne cédera pas à la tentation de la ligne dure.
Plus fondamentalement, les risques générés par la progression de la lutte contre le groupe État islamique mettent en exergue les dangers du recours à la force sans stratégie ou vision politique. Obama est en l’espèce tout aussi fautif que Trump, et les partenaires de la coalition contre le groupe État islamique tout autant que les États-Unis qui la mènent.
Depuis 2014, le but unique de cette coalition est en effet la destruction de l’organisation terroriste. Alors que celle-ci est sur le point de perdre l’essentiel de son territoire, aucune réflexion sérieuse ne semble avoir eu lieu à Washington ou dans les capitales des pays impliqués sur l’avenir du Moyen-Orient.
Les enjeux sont pourtant colossaux. Comment sortir des guerres civiles en Syrie et au Yémen ? Comment gérer les différends entre puissances régionales rivales ? Quel statut pour les régions contrôlées par les Kurdes, qui furent au coeur du combat contre le groupe État islamique, en Irak et en Syrie ?
Ce n’est qu’en apportant des réponses, certes pas évidentes, à ces questions essentielles que les États-Unis et leurs partenaires pourront éviter qu’une situation volatile ne dégénère en conflit généralisé.
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