The images of these desperate, determined migrants attacking the sand hill to try to force their way over the U.S. border at San Ysidro—before seeing their dreams drenched in tear gas — testify to a tragedy that has been unfolding for decades in Central America. For those who suffer misery and violence in Honduras, Guatemala and El Salvador at the hands of corrupt governments that Washington has no qualms accommodating, El Norte still represents the promised land, even in the presence of a president like Donald Trump. The contrast is striking.
But at the same time, these images testify to a lie. If they comfort the white Trump voters in their siege mentality, it is nevertheless true that the United States is not facing an immigration crisis, much less “an invasion.” The drop in the number of border encounters over the last 20 years gives some idea: In 2000, 1.6 million migrants were apprehended, 90 percent of whom were Mexican; last year, the number of arrests was just over 300,000 and fewer than half of those arrested were Mexican nationals.
In fact, for all the harm this U.S. president says immigrants cause, according to The Economist, undocumented Mexican immigrants are now more likely to return to Mexico than to leave for the United States. This shows how much of what Trump is saying is really about voter madness. A madness under which he makes all the threats imaginable to get a Congress where Republicans will partially lose control next January to give him the billions he needs to build his “wall.”
In fact, the epicenter of the debate on Central American migrants is moving partly to Mexico. A tributary of North American trade liberalization for 25 years, its economic development, though weighed down by the appalling violence created by drug trafficking, makes Mexico no longer just a transit stop for these migrants, but also a destination in its own right.
All of these undocumented immigrants crossing the country have annoyed the outgoing president, Enrique Pena Nieto, who is less concerned about the fate of these migrants and the veil they lift to reveal the state of affairs in Central America than the fear that this attracts Trump’s incoherent wrath and poisons his country’s relations with the United States. Presumably, he will be happy to pass the hot potato to his successor, Andres Manuel Lopez Obrador (known as AMLO) whose inauguration will take place next Saturday, Dec. 1.
AMLO is the most left-wing president the country has ever elected. A man from whom Mexicans expect a lot, especially given that his National Regeneration Movement (Morena) was installed everywhere on July 1—at the legislative, regional, and municipal levels. His relationship with Trump will inevitably be a stormy one and he, too, has promised not to disappoint.
However, against a political plan that reduces the organization of the world to border control, he defends healthy ideas and acts to tackle poverty and corruption, the violence and impunity that are strangling Mexican democracy. He promises to break with militarization in the fight against drug trafficking and proposes to reframe drug consumption using a public health perspective. He argues, with respect to Central America’s problems, that solutions lie ahead and that human development of the region is a collective North American responsibility.
Thus, he appointed Olga Sanchez, a prominent feminist and former Supreme Court judge as secretary of the interior. “It is up to me to establish the rule of law on the ground,” she said this summer in an interview with Le Monde.
This is obviously a big challenge: In Mexico, 43 percent of the population is poor, and only 2 percent of crimes are tried. The program is progressive. The results will necessarily be less so. AMLO has a single six-year term in which to make himself useful. In any case, his election announces a reconfiguration of power that opens the door to a Mexican societal evolution. Canada could be a valuable ally. Let’s hope that the Trudeau government has the necessary skills to participate in this new dynamic.
Migrants: AMLO en antidote
Les images de ces migrants désespérés autant que résolus, attaquant la colline de sable pour tenter de forcer la frontière américaine à San Ysidro — avant de voir leur rêve douché par les gaz lacrymogènes —, témoignent d’une tragédie qui se déploie depuis des décennies en Amérique centrale. Pour ces gens qui souffrent la misère et la violence au Honduras, au Guatemala et au Salvador, aux mains de gouvernements corrompus dont Washington s’accommode sans états d’âme, El Norte représente encore une terre de salut, même en présence d’un président comme Donald Trump. Le décalage est saisissant.
Mais elles témoignent en même temps d’un mensonge. Si elles ont tout pour conforter les bien blancs électeurs trumpistes dans leur mentalité d’assiégés, il n’en reste pas moins, en toute vérité, que les États-Unis ne sont pas aux prises avec une crise migratoire, et encore moins avec « une invasion ». La chute du nombre d’interceptions depuis 20 ans à la frontière en donne une idée : en 2000, 1,6 million de migrants avaient été appréhendés, dont 90 % étaient mexicains ; l’année dernière, le nombre d’arrestations a été d’un peu plus de 300 000, et moins de la moitié des personnes arrêtées étaient de nationalité mexicaine.
Pour tout le mal, en fait, que dit des immigrants ce président américain, il se trouve au demeurant, relève The Economist, que les illégaux mexicains sont aujourd’hui plus nombreux à rentrer au Mexique qu’à partir pour les États-Unis. C’est dire à quel point les propos qu’éructe M. Trump tiennent pour l’essentiel de la démence électoraliste. Une démence en vertu de laquelle il va proférer dans l’immédiat toutes les menaces imaginables pour obtenir d’un Congrès dont les républicains vont à moitié perdre le contrôle en janvier prochain les milliards qu’il réclame pour construire son « mur ».
En réalité, l’épicentre du débat sur les migrants centro-américains se déplace en partie vers le Mexique. Tributaire depuis 25 ans de la libéralisation du commerce nord-américain, son développement économique, fût-il fort inégalitaire et plombé par les violences épouvantables que crée le narcotrafic, fait que le Mexique n’est plus seulement un lieu de transit pour ces migrants, mais aussi une destination.
Tous ces clandestins traversant le pays au grand jour ont bien embêté le président sortant, Enrique Peña Nieto, moins préoccupé par le sort de ces migrants et le voile qu’ils lèvent sur l’état des lieux en Amérique centrale que par la peur que cela lui attire les foudres incohérentes de M. Trump et empoisonne les relations de son pays avec les États-Unis. On présume qu’il sera heureux de passer la patate chaude à son successeur, Andrés Manuel Lopez Obrador (dit AMLO), dont l’entrée en fonctions aura lieu samedi prochain, 1er décembre.
AMLO, le président le plus à gauche que le pays ait jamais élu. Un homme dont les Mexicains attendent beaucoup, d’autant que son Mouvement de régénération nationale (Morena) s’est partout imposé, le 1er juillet dernier — aux législatives, aux régionales et aux municipales. Ses relations seront forcément orageuses avec M. Trump. Et il a, ainsi que le veut la formule, trop promis pour ne pas décevoir.
Reste que, contre un projet politique qui réduit l’organisation du monde au contrôle des frontières, il défend des idées saines, s’agissant de s’attaquer à la pauvreté et à la corruption, à la violence et à l’impunité qui étranglent la démocratie mexicaine… Il promet de rompre avec la militarisation de la lutte contre le narcotrafic et se propose de recadrer la consommation de drogue dans une perspective de santé publique. Il fait valoir, au sujet des maux de l’Amérique centrale, que les solutions se trouvent en amont et que le développement humain de la région est une responsabilité collectivement nord-américaine.
Ensuite, il a désigné comme ministre de l’Intérieur une ancienne juge de la Cour suprême, Olga Sanchez, féministe de premier plan. « À moi d’instaurer sur le terrain un État de droit », disait-elle cet été en entrevue au Monde.
Défi de taille, de toute évidence : au Mexique, 43 % de la population est pauvre et seulement 2 % des délits sont jugés.
Le programme est progressiste. Les résultats le seront nécessairement moins. Le président AMLO dispose d’un mandat unique de six ans pour se rendre utile. En tout cas, son élection annonce une reconfiguration du pouvoir qui ouvre la porte à une évolution sociétale du Mexique. Le Canada pourrait s’en faire un précieux allié. Puisse le gouvernement Trudeau avoir le doigté nécessaire pour s’associer à cette nouvelle dynamique.
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