Les Etats-Unis prennent le risque d’être hors-jeu en Syrie avec l’annonce-surprise d’un retrait de leurs troupes de ce pays.
La nature a horreur du vide. La géopolitique aussi ! Donald Trump en annonçant un retrait total et rapide des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie depuis maintenant quatre ans, a pris un risque : celui de laisser la Russie et l’Iran comme seuls maîtres du jeu dans un pays qui connaît depuis mars 2011 une terrible guerre civile. Vladimir Poutine ne s’y est d’ailleurs pas trompé en se félicitant jeudi de la décision du président américain. Mais les deux puissances dont les interventions militaires appuyées au sol par le Hezbollah libanais ont sauvé le régime de Bachar al-Assad, ne sont pas les seules à bénéficier du futur départ américain. Recep Tayyip Erdogan, lancé lui dans une lutte sans merci pour éviter que ne se forme dans le nord de la Syrie une entité kurde contiguë à la région kurde autonome d’Irak et surtout du Kurdistan turc, a les mains libres désormais. Il peut lancer une grande offensive contre les Kurdes syriens qui étaient jusqu’à présent sur le terrain les alliés des Américains pour combattre l’Etat Islamique.
La France et le Royaume Uni décidés à rester.
Certes, le départ des forces spéciales américaines, prendra plus de temps qu’un tweet de Trump. De plus, la chasse américaine peut toujours intervenir en soutien à des opérations militaires au sol. Quant aux alliés européens des Etats-Unis, France et Royaume Uni en tête, ils ont décidé de rester militairement sur le terrain, avec le soutien de l’Allemagne.
Pour autant, il n’est pas exclu qu’à l’instar de George W. Bush en mai 2003 qui avait proclamé de façon imprudente « mission accomplie » en Irak, Donald Trump commette une grave erreur de jugement. Le mouvement terroriste Etat Islamique a certes subi de très sérieux revers, mais se tient prêt à se réorganiser en Syrie ainsi qu’en Irak et à lancer de nouvelles attaques en Europe. De plus, aucune solution politique à la guerre civile en Syrie n’est en vue. En se retirant militairement, les Etats-Unis prennent le risque de ne plus peser dans la région. Dans un Moyen-Orient toujours aussi compliqué, les idées simples comme celle de Donald Trump sont dangereuses.
Jacques Hubert-Rodier
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