Donald Trump’s decision, made with little regard for his own advisers and experts, is a devastating blow for those who fought against the jihadis alongside the United States.
Donald Trump prefers to make decisions based on his instincts rather than listen to his advisers. On Wednesday, Dec. 19, he demonstrated this once again by deciding to withdraw the special forces that have been deployed in Syria for over two years. His administration’s experts on jihadi terrorism and the Middle East advocated for the opposite: to maintain this stabilizing force, with no international mandate, in a country that has fallen victim to the cross-ambitions of Turkey, Iran and Russia. The president of the United States, true to the short-termism and unilateralism that pervade most of his decisions on foreign policy, took no notice.
In this case, the announcement seems to have replaced strategy. The Islamic State is certainly very weakened and cornered, but the news of its definitive demise appears to be, at the very least, premature. Thousands of combatants can still feed a long-winded guerrilla war and sustain a destructive blaze that knows no borders.
This is especially true as the combatants’ capacity to rebuild remains intact, which begins with the nature of the Syrian regime, now rid of all forms of American pressure. Today, the regime, perched on the shoulders of Russian and Iranian sponsors who now have a free hand in a large part of the East, can claim victory: The new regional order rattles Trump’s ambition to reduce Iran’s influence. As Hassan Mohammed, a Kurdish-Syrian senior official, said in a Le Monde synopsis: “Washington set several goals with its presence in Syria. Not only do these goals remain unfulfilled, but the retreat is going in the opposite direction.”
Betrayal for the Kurdish Forces
The blow is devastating for those who fought against the jihadis alongside the United States. For the predominantly Kurdish local forces that are now under threat from Turkey, this retreat is a betrayal, pure and simple. Washington may very well herald a “new phase” of the fight against the Islamic State; in mentioning Sinai and Libya, the message is clear: Trump’s United States has little use for their reserve troops. It seems to laugh at an inferno that could once again feed the migratory waves responsible for weakening its European allies.
After his election, Trump had the opportunity to avoid confronting a crisis of international scale. He came close to it with North Korea before opting, with a brazen dose of naiveté, for an opening with Kim Jong Un. The future will soon reveal whether the situation recovered from a stroke of genius or incompetence.
But the lessons to be learned in Syria thus far are worrisome. The very unpredictability for which the president takes responsibility has spread through his administration like leprosy. The decision-making chain’s proven vacuity devalues the word of spokespersons from Washington’s allies and enemies alike who are constantly susceptible to contradiction from their own commander in chief. The direction which “America First” itself provides is thrown into panic while the president decides against that which would fundamentally revive American interests.
This “America First” is a pipe dream when it involves the most threatening kind of danger for the world’s balance as well as for the United States’ safety. And unfortunately, its helmsman only seems to be capable of adding confusion to the chaos.
La décision de Donald Trump, au mépris de ses propres conseillers et experts, est un coup dévastateur pour ceux qui ont combattu les djihadistes au côté des Etats-Unis.
Donald Trump préfère trancher selon ses instincts plutôt qu’écouter ses conseillers. Il en a administré une nouvelle fois la preuve en décidant, mercredi 19 décembre, de retirer les forces spéciales déployées en Syrie depuis plus de deux ans. Tout ce que son administration compte d’experts du terrorisme djihadiste et du Moyen-Orient plaidait au contraire pour le maintien de cette force de stabilisation, certes dépourvue de tout mandat international, dans un pays devenu la proie des ambitions croisées de la Turquie, de l’Iran et de la Russie. Le président des Etats-Unis a passé outre, fidèle au court-termisme et à l’unilatéralisme qui imprègnent la plupart de ses décisions de politique étrangère.
En l’occurrence, l’annonce semble tenir lieu de stratégie. L’organisation Etat islamique est certes très affaiblie et acculée, mais la nouvelle de sa disparition définitive apparaît pour le moins prématurée. Des milliers de combattants peuvent encore alimenter une guérilla de longue haleine et entretenir un brasier destructeur qui ignore les frontières.
D’autant que les ressorts de leur capacité à se reconstruire restent intacts, à commencer par la nature du régime syrien, débarrassé désormais de toute forme de pression américaine. Ce régime peut crier aujourd’hui victoire, juché sur les épaules de parrains russe et iranien qui ont désormais les mains libres dans une bonne partie du Levant : le nouvel ordre régional bouscule l’ambition de M. Trump d’y réduire l’influence de l’Iran. Comme le résume au Monde Hassan Mohammed, un haut responsable kurde syrien : « Washington avait fixé plusieurs objectifs à sa présence en Syrie. Non seulement ces objectifs ne sont pas remplis, mais le retrait va dans le sens contraire. »
Une trahison pour les forcers kurdes
Le coup est dévastateur pour ceux qui ont combattu les djihadistes au côté des Etats-Unis. Pour les forces locales à dominante kurde désormais placées sous la menace de la Turquie, ce retrait relève de la trahison pure et simple. Washington peut bien annoncer une « nouvelle phase » de la lutte contre l’organisation Etat islamique, en mentionnant le Sinaï et la Libye, le message est clair : les Etats-Unis de M. Trump n’ont que faire de leurs supplétifs. Comme ils semblent se moquer d’un embrasement qui pourrait nourrir à nouveau les vagues migratoires responsables de la fragilisation de leurs alliés européens.
Depuis son élection, M. Trump a eu la chance de ne pas être confronté à une crise internationale d’ampleur. Il s’en est approché dans le dossier de la Corée du Nord, avant d’opter, avec une dose hardie de candeur, pour une ouverture envers Kim Jong-un. L’avenir dira très prochainement si elle a relevé du coup de génie ou de l’incompétence.
Mais les leçons que l’on peut tirer dès à présent de la décision sur la Syrie ne peuvent qu’inquiéter dans cette perspective. L’imprévisibilité que revendique le président s’étend à son administration comme une lèpre. La vacuité avérée des chaînes de décision dévalue la parole des interlocuteurs des alliés comme des ennemis de Washington, susceptibles à chaque instant d’être démentis par celui qui est leur commandant en chef. La boussole de « l’Amérique d’abord » elle-même s’affole lorsque le président arbitre contre ce qui fondamentalement relève des intérêts américains.
Cette « Amérique d’abord » est une chimère lorsqu’il s’agit des périls les plus menaçants pour l’équilibre du monde comme pour la sécurité des Etats-Unis. Et son timonier ne semble malheureusement capable que d’ajouter le chaos au chaos.
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