De l’insurrection à la normalisation du mensonge
On entend peu parler de la commission d’enquête sur les événements du 6 janvier, les plus violents au Capitole américain depuis que les Britanniques l’ont incendié en 1814.
Pourtant, cet événement tragique aurait pu faire encore plus de victimes et de nouvelles révélations suggèrent que l’ex-président Trump avait bel et bien l’intention de manipuler le processus pour rester en poste malgré le verdict de l’électorat.
La capacité de cette commission de faire la lumière sur ces événements est donc vitale pour que les États-Unis sortent de l’engrenage qui semble les entraîner vers la fin tranquille de leur expérience démocratique.
Faire obstacle à la vérité
Cette commission discrète commence à s’activer, alors que des témoins clés défient ses mises en demeure de fournir des documents et de comparaître.
Ces proches de Donald Trump résistent énergiquement, mais leurs arguments juridiques ne tiennent pas debout. Il est évident que les sbires de l’ex-président emploieront jusqu’au bout la méthode qui a permis à Trump d’esquiver une longue liste d’accusations criminelles en faisant traîner les procédures, en brouillant les pistes et, surtout, en politisant à outrance les enquêtes.
La stratégie trumpienne pour effacer la réalité du 6 janvier des mémoires fonctionne. La majorité des républicains croit que cette insurrection ne vaut pas la peine qu’on s’y arrête et a complètement avalé le Grand Mensonge de Donald Trump qui se prétend vainqueur de l’élection de 2020. (À propos, il y a autant de raisons de croire ça que de croire aux vertus thérapeutiques d’une injection d’eau de javel.)
Surtout, Trump continue de préparer le terrain pour que si lui ou la marionnette qu’il appuiera perd en 2024, ses partisans n’y croiront pas et les républicains se sentiront justifiés de trafiquer le décompte des votes en sa faveur.
Normaliser le mensonge
Cette insistance à faire avaler des mensonges à des millions de personnes est le fondement de la stratégie de Trump pour noyauter le Parti républicain. C’est pourquoi aucun élu républicain n’ose le contredire.
Cette stratégie s’étend à l’interprétation de l’insurrection du 6 janvier, dont est déterminé à transformer les protagonistes en martyrs. Comme le mensonge est partagé par tous les élus républicains et que les médias se sentent obligés de prétendre que ces élus doivent être pris au sérieux, les mensonges et les contre-vérités sont devenus des éléments acceptables du discours politique.
C’est pour ça que l’entourage de Trump craint cette commission et que Trump lui-même fera tout pour éviter d’y témoigner, car ils ne pourront pas répéter sous serment les mensonges qu’ils servent quotidiennement à leurs partisans.
On n’est pas rendu là, car Trump et ses acolytes vont étirer les procédures en longueur en se faisant passer pour des victimes de l’acharnement des démocrates. Il suffira de faire tourner l’horloge jusqu’au renversement attendu du Congrès en novembre 2022 et de compter sur les républicains pour enterrer l’insurrection manquée du 6 janvier, en attendant la réussite d’un prochain épisode.
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