The New President Drunk with Power

Published in L'actualité
(Canada) on 18 April 2025
by Rafael Jacob (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Patricia Simoni.
President Donald Trump is steadily pushing constitutional and political limits, putting his country — and his party — at risk.

Every week that passes seems to bring another test of the limits of presidential power exerted by the Trump administration.

Within hours after his inauguration in January, the president unilaterally suspended the law legitimately passed by Congress banning TikTok on U.S. soil. Since then, Donald Trump has signed dozens of executive orders, including some that literally defy the Constitution — notably, one aimed at ending birthright citizenship, guaranteed for more than 150 years to anyone born in the United States.

Announcements made by Elon Musk’s “Department of Government Efficiency” team regarding budget cuts, terminations, and the shuttering of federal agencies, often without any clear indication that the administration had authority to order them, are similar in nature. The entire U.S. tariff policy, repeatedly reconfigured in the space of hours by the president and his circle of economic advisers, also fits into this desire to push the limits of the Constitution.

But perhaps nothing has pushed constitutional boundaries as much as the idea, promoted by Trump’s former chief strategist Steve Bannon, of a third term, which Trump would seek in 2028 despite the 22nd Amendment, which has explicitly prohibited that for more than 70 years.

Added to all this, in recent days, is the standoff between Trump and the federal courts over immigration policy. One case in particular, that of Kilmar Abrego García, commands attention. After Garcia was deported and mistakenly sent to a prison in El Salvador, a federal judge ordered the Trump administration to bring him back. Subsequently, the Supreme Court ruled on the case with an added nuance: The lower court had the authority to demand that the administration “facilitate” Abrego Garcia’s return, but could not force the administration to “effectuate” it.

Rather than directly ask El Salvador to send Abrego García back, the White House reaction has been to resist the court’s requests as much as possible by engaging in a semantic debate.

Monday, on the sidelines of a diplomatic meeting with Salvadoran President Nayib Bukele during a visit to Washington, all the administration’s key players on the matter — Trump, JD Vance, Marco Rubio and, perhaps most notably, presidential adviser Stephen Miller — were present in the Oval Office and one after the other, made the case that the courts had no right to dictate U.S. foreign policy. And Bukele, with a wry grin, added, “How can I smuggle a terrorist into the United States?”

In the same meeting, Trump floated the idea of deporting not only migrants, but American citizens to Salvadoran prisons. Several hours later, after a new federal court injunction against another executive order, Miller accused the “Marxist” judge of “judicial tyranny.”

So just how far are Trump and his team ready to go to consolidate executive power? The question certainly has a deep constitutional dimension, but also a more immediate political and electoral one.

Excluding third parties, Trump received 51% of the popular vote in 2024. For his Democratic predecessors, Joe Biden in 2020, and Barack Obama in 2012, that number was 52%. No president in the 21st century and, therefore, none after the last true centrist president, Bill Clinton, has reached the 55% threshold.

Ironically, every president elected after Clinton, though less popular, were seized with notions of grandeur to remake the country, if not the world, despite taking office with half the country’s voters opposed to their vision.

Since George W. Bush, each party and president who have held the White House has taken the same approach: govern for their base first. Bush boasted, after his reelection in 2004, "I earned [political ]capital in the campaign … and now I intend to spend it.” He embarked on a resolutely conservative agenda, in opposition to the values of the 48% of Americans who did not vote for him.

Obama, when congressional Republicans asked him to make concessions, replied, “Elections have consequences. I won.”

And Biden, warned early in his term about the inflationary risks of the policies he wanted to push through, turned to historians who, already comparing him to President Franklin Delano Roosevelt, whispered in his ear that the higher he aimed, the greater the likelihood he could go down in history. We know the rest.

For close to 100 days now, Trump appears determined to continue this 25-year trend of “spending political capital,” but doing so on steroids.

The risk for Trump is that he will provoke a major constitutional crisis.

From a social and political standpoint, the risk is to feed more intensely the ever growing sense of alienation among Americans who did not vote for this president and, by doing so, making every future election an existential threat to this great idea called America, irreparably transforming it for the worse.


Le nouveau président enivré de pouvoir

Les limites constitutionnelles et politiques sont constamment repoussées par le président Trump. Ce qui met à risque son pays… et son parti.
Chaque semaine qui passe semble apporter un nouveau test des limites du pouvoir présidentiel exercé par l’administration Trump.

Il y a eu, dès les premières heures après l’assermentation en janvier dernier, la suspension unilatérale par le nouveau président d’une loi adoptée en bonne et due forme par le Congrès interdisant TikTok sur le territoire américain. Et depuis, des dizaines de décrets ont été signés par Donald Trump, dont certains se moquent littéralement de la Constitution, notamment celui visant à mettre fin au droit du sol garantissant depuis plus de 150 ans la citoyenneté à toute personne née aux États-Unis.

Les annonces faites par l’équipe du DOGE (pour Department of Government Efficiency) d’Elon Musk concernant des compressions budgétaires, des licenciements et la fermeture d’agences fédérales, souvent sans la moindre indication claire que l’administration avait le pouvoir de les ordonner, sont de la même eau. La politique tarifaire entière des États-Unis, reconfigurée à répétition en l’espace de quelques heures par le président et son cercle de conseillers économiques, s’inscrit aussi dans cette volonté de pousser les limites de la Constitution.

Mais peut-être pas autant que cette idée de plus en plus présente et promue par l’ex-stratège en chef de Donald Trump, Steve Bannon, d’un « troisième mandat » pour lequel Trump ferait campagne en 2028, en dépit du 22e amendement qui l’interdit explicitement depuis plus de 70 ans.

À tout cela s’ajoute, depuis les derniers jours, le bras de fer entre Trump et les cours fédérales dans le dossier migratoire. Une cause en particulier, celle de Kilmar Abrego Garcia, retient l’attention. Après l’avoir expulsé et envoyé par erreur dans une prison du Salvador, l’administration Trump s’est fait ordonner par une juge fédérale de le rapatrier. Par la suite, la Cour suprême s’est à son tour penchée sur la cause et a apporté une nuance : la cour de première instance avait le pouvoir de demander à l’administration de « faciliter » le rapatriement, mais ne pouvait la forcer à l’« effectuer ».

La réaction de la Maison-Blanche : plutôt que de demander directement au Salvador de lui renvoyer Garcia, elle a résisté au maximum aux requêtes des tribunaux en se lançant dans un débat sémantique.

Lundi, en marge d’une rencontre diplomatique avec le président salvadorien, Nayib Bukele, en visite à Washington, ce sont tous les acteurs de premier plan de l’administration sur la question — Trump, J.D. Vance, Marco Rubio et, peut-être surtout, le conseiller présidentiel Stephen Miller — qui étaient présents au Bureau ovale pour soutenir un après l’autre l’argument selon lequel il ne revient pas aux tribunaux de dicter la politique extérieure des États-Unis. Et Bukele d’ajouter, sourire en coin : « Comment voulez-vous que je fasse entrer clandestinement un terroriste aux États-Unis ? »

Dans la même rencontre, Trump a laissé planer l’idée d’expulser non seulement des migrants, mais aussi des citoyens américains vers des prisons salvadoriennes. Et quelques heures plus tard, en essuyant une nouvelle injonction d’une cour fédérale contre un autre décret migratoire, Miller a accusé le juge « marxiste » de « tyrannie judiciaire ».

Alors, jusqu’où exactement Trump et son équipe sont-ils prêts à aller pour asseoir le pouvoir exécutif ? La question a bien sûr une dimension constitutionnelle profonde — mais elle en a également une politique et électorale encore plus immédiate.

En excluant les tiers partis, Donald Trump a récolté 51 % du vote populaire en 2024. Pour ses prédécesseurs démocrates Joe Biden, en 2020, et Barack Obama, en 2012, c’était 52 %. Aucun président du XXIe siècle, et donc après le dernier véritable président centriste, Bill Clinton, n’a atteint le cap des 55 %.

Ironiquement, tous les présidents élus après Bill Clinton, pourtant moins populaires que lui, ont été pris d’idées de grandeur pour refaire le pays, sinon le monde, alors qu’ils étaient arrivés au pouvoir avec la moitié de l’électorat opposé à leur vision.

Depuis George W. Bush, tous les partis et les présidents qui se sont relayés à la Maison-Blanche ont eu la même approche : gouverner d’abord pour leur base. Bush s’était ainsi vanté, après sa réélection de 2004 : « J’ai gagné du capital politique, et maintenant je vais le dépenser. » Il s’était lancé dans un programme résolument conservateur, à l’opposé des valeurs des 48 % d’Américains qui n’avaient pas voté pour lui.

Obama, lorsque les républicains du Congrès lui avaient demandé de faire des concessions, avait rétorqué : « Les élections ont des conséquences. J’ai gagné. »

Et Biden, averti au début de son mandat des risques inflationnistes des plans qu’il voulait faire adopter, s’était plutôt tourné vers des historiens qui, le comparant déjà à Franklin Delano Roosevelt, étaient venus lui chuchoter à l’oreille que plus il visait grand, plus il pourrait s’inscrire dans les livres d’histoire. On connaît la suite.

Donald Trump semble, depuis maintenant près de 100 jours, déterminé à suivre cette tendance des 25 dernières années de « dépenser son capital politique », mais alimentée aux stéroïdes.

Le risque pour lui est de provoquer une crise constitutionnelle majeure.

D’un point de vue social et politique, le risque est de nourrir encore plus intensément le sentiment d’aliénation, toujours croissant, des Américains n’ayant pas voté pour le président au pouvoir. Et, ce faisant, de faire de chaque nouvelle élection une menace existentielle de voir se transformer, pour le pire et de façon irrémédiable, cette grande idée appelée Amérique.
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