Life was simple when the keys to the future were found in the past. When Vladimir Putin calls into question the international order in Ukraine, everyone thinks of it as a return to the Cold War. When the United States mobilizes an international coalition to fight against the jihadi of the Islamic State, it’s the War on Terror from after September 11, 2001 that one invokes.
Those who know recent history well know that the world has changed a lot and are wary of false parallels. However, the temptation remains to hold onto past experience.
Americans have a tendency to want to relive each of these two episodes because they think them to be victorious outcomes. The Cold War ended with the collapse of the Soviet Union, while the hunt for al-Qaida is considered a success due to the raid against bin Laden and the impressive efficiency of drone attacks. Vladimir Putin scrupulously maintains his image as a former spy of the KGB, the former Russian secret police and intelligence agency, and the RDA.* In his country, doubt is impossible; he proudly shows his desire for revenge after the greatest geopolitical catastrophe of the 20th century. As for the barbarians of the Islamic State group, they’re the children of al-Qaida. The new terrorists take bin Laden’s diatribes regarding the caliphate at face value and are determined to concretely realize an objective that was, until then, only imagined for the future.
Everyone understands that we’re not reliving the years between 1945 and 1989. Russia doesn’t have the power it did when it was the Soviet Union. The Kremlin isn’t at the head of any international alliances. There is no structured ideology or alternative society projects, like communism pretended to be. Russia is not proposing a new world order. Without a doubt, it would be good to take it into consideration. Instead of accumulating sanctions for ejecting Russia from modern life and reliving the faint confrontation from the previous century, wouldn’t it be wiser to do the complete opposite and multiply trading in order to comfort those who, in Moscow, can share our way of seeing? Does one really believe that in the real world, Western economic pressure will one day bring a new Gorbachev to succeed Putin?
As for the vital fight against the Islamic State group, we can’t confuse it with its sad predecessor, the War on Terror, led by George W. Bush’s America. The new jihadi have drawn from the lesson of al-Qaida’s collapse. Rather than be decimated by flying machines, they prefer to seize their territories, blend in with the population, create sanctuaries and arouse uprisings, profiting from wars, ethnic and religious conflicts and the collapse of states. Syria, Iraq, Libya: these opportunities are not overlooked.
Aerial attacks, with or without pilots, will never get it done. They can only add to the confusion, if they’re not quickly accompanied by decisive action on the ground led by local forces. Barack Obama pretends that he doesn’t want a redo of Iraq and Afghanistan, but he’s reproducing the exact work of his predecessor.
Until recently, the explanation was summed up in one word: the wars that we led were “asymmetrical.” We had the strength, but we couldn’t win. Now, the conflicts have suddenly become “hybrids.” Putin is an expert in that. He uses military action, camouflaged or covertly, humanitarian work, economic retaliation, provocation and propaganda: That makes him a great strategist. As for Caliph Ibrahim, or Abu Bakr al-Baghdadi of the Islamic State group, he is no less of a hybrid: he plays with the horrible staging of his terror, as well as with his alliances with traffickers, community leaders and former members of Saddam Hussein’s regime. In a word, the battles of yesterday were simple. They have become extraordinarily complex.
It would be good to get used to it. Rather than revive situations of the past, couldn’t we adapt our responses, like our opponents have, and finally engage in an advance attack instead of always being late to war?
Editor’s note: The RDA stands for the Republica Democratica Alemana or German Democratic Republic.
La vie serait simple si les clés de l'avenir se trouvaient dans le passé. Quand Vladimir Poutine remet en question l'ordre international en Ukraine, chacun pense à un retour de la guerre froide. Quand l'Amérique mobilise une coalition internationale pour combattre les djihadistes de l'Etat islamique, c'est la guerre contre le terrorisme de l'après 11 septembre 2001 que l'on invoque.
Ceux qui connaissent bien l'histoire récente, savent que le monde a beaucoup changé et se méfient des parallèles trompeurs. Il n'empêche. La tentation demeure de se raccrocher à l'expérience vécue.
Les Américains ont tendance à vouloir revivre chacun des deux épisodes parce qu'ils pensent en être sortis victorieux. La guerre froide s'est achevée avec l'effondrement du bloc soviétique tandis que la traque d'al-Qaida est considérée comme un succès depuis le raid contre Ben Laden et la redoutable efficacité des attaques de drones. Vladimir Poutine entretient scrupuleusement son image d'ancien espion du KGB en RDA. Chez lui, l'équivoque est impossible : il affiche fièrement sa volonté de revanche après « la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle ». Quant aux barbares de l'Etat islamique, ils sont les enfants d'al-Qaïda. Les nouveaux terroristes prennent au pied de la lettre les diatribes de Ben Laden à propos du « califat » et sont déterminés à réaliser très concrètement un objectif qui n'était jusqu'alors projeté que dans un avenir mythique.
Chacun a bien compris que nous ne revivrons pas les années 1945-1989. La Russie n'a pas la puissance qu'a eue, à un certain moment, l'Union soviétique. Le Kremlin n'est à la tête d'aucune alliance internationale. Il n'a aucune idéologie structurée ou projet de société alternatif, comme le communisme a pu prétendre l'être. Il ne propose pas de nouvel ordre international. Sans doute, serait-il bon d'en tenir compte. Au lieu d'accumuler les sanctions pour expulser la Russie de la vie moderne et revivre la sourde confrontation du siècle dernier, ne serait-il pas plus avisé de faire tout le contraire et de multiplier les échanges afin de conforter ceux qui, à Moscou, peuvent partager notre façon de voir ? Croit-on vraiment que dans le monde actuel la pression économique occidentale amènera un jour un nouveau Gorbatchev à succéder à Poutine ?
Quant à l'indispensable combat contre l'Etat islamique, ne le confondons pas avec le triste précédent de la guerre « contre le terrorisme », livrée par l'Amérique de George W. Bush. Les nouveaux djihadistes ont tiré la leçon de la faillite d'al-Qaïda. Plutôt que se faire décimer par des machines volantes, ils préfèrent s'approprier des territoires, se fondre dans la population, se créer des sanctuaires et susciter des vocations, en profitant des guerres, des conflits ethniques et religieux et de la faillite des Etats. Syrie, Irak, Libye.... ce ne sont pas les opportunités qui leur manquent.
Les bombardements aériens, avec ou sans pilotes, n'en viendront jamais à bout. Ils ne peuvent qu'ajouter à la confusion s'ils ne sont pas très vite accompagnés d'une action décisive au sol menée par des forces locales. Barack Obama prétend qu'il ne veut refaire ni l'Irak ni l'Afghanistan. Il reproduit pourtant bien des travers de son prédécesseur.
Jusqu'à récemment l'excuse tenait en un mot : les guerres qui nous étaient livrées était « asymétrique ». Nous avions la force, mais nous ne pouvions pas gagner. Maintenant, les conflits seraient subitement devenus « hybrides ». Vladimir Poutine en serait le spécialiste. Il se sert de l'action militaire, camouflée ou à découvert, de l'humanitaire, des représailles économiques, de la provocation et de la propagande... Cela ferait de lui un grand stratège. Quant au « calife Ibrahim », il n'est pas moins « hybride » : il joue aussi bien de la mise en scène odieuse de sa terreur que de ses alliances avec les trafiquants, les chefs de tribus, les anciens du régime de Saddam Hussein... En un mot, les batailles d'hier étaient simples. Elles sont devenus extraordinairement complexes.
Il serait bon de s'y faire. Plutôt que revivre les situations du passé, ne pourrions-nous pas adapter notre riposte, comme le font nos adversaires ? Avoir enfin un coup d'avance au lieu d'être toujours en retard d'une guerre ?
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