Hacking Gemalto: Obama’s Cynicism

Published in Le Monde
(France) on 21 February 2015
by (link to originallink to original)
Translated from by Laura Napoli. Edited by Laurence Bouvard.
Who owns the digital data produced by each individual? The businesses that can exploit it? The individuals themselves? The state? President Obama answered this fundamental question quite clearly on February 15 in a statement to a U.S. high-tech publication called Re/code: “I think you own your data, I think I own my data. I think we own our health-care data, I think we own our financial data.”

Logically, what’s good for U.S. citizens is also good for Europeans. This makes the news that American and British intelligence services intercepted considerable amounts of private data by stealing security encryption keys for SIM cards produced by the French company Gemalto, the world leader in its field, even more worrying. The hacking and theft of the keys, which occurred without Gemalto’s knowledge, were revealed on Thursday, Feb. 19, by The Intercept on the basis of documents provided by former CIA agent Edward Snowden.

Released in bits and pieces since 2013, the Snowden affair’s revelations about the extent of the U.S. National Security Agency’s practice of global electronic surveillance have shaken consumers’ confidence in U.S. Internet giants on the one hand, and dealt a severe blow to the credibility of American authorities in their ability to protect citizens from abuses of their private data, on the other. But what is notable about President Obama’s words about the leaks about the Gemalto hacking is that, in Washington’s eyes, there are two standards, depending on whether you are an American or not.

An Unacceptable Violation

In describing the NSA’s surveillance, Obama assures us “that there haven’t been abuses on U.S. soil.” Not only does this suggest, by extension, that abuses have definitely been committed off of U.S. soil, and especially in Europe, without being accompanied by any form of regret or apology, but it also tells us that the U.S. president has made a very revealing indictment of Europeans. For Obama, indeed, the indignation and resentment expressed in Europe against the U.S. and large high-tech companies like Google or Facebook following the Snowden revelations can be mostly explained by a sort of commercial jealousy of one country, the United States, that has “owned the Internet” and its businesses, which have undeniably been successful. The European reaction, says Obama, especially in Germany, where it is most virulent, is “not completely sincere. Because some of those countries have their own companies who want to displace ours.”

This isn’t just an American president misinterpreting European history, culture, and psychology; it is also proof of a cynicism that doesn’t appreciate current transatlantic issues, particularly counter-terrorism cooperation efforts. Yes, the Snowden affair made Europe brutally aware of how outnumbered it was compared to U.S. groups, and yes, it’s up to Europe to restore the balance. But the systematic violation of European citizens’ private data by a foreign power, especially by an ally, is simply unacceptable. That goes for our friends from across the Channel as well as those on the other side of the Atlantic.


L’espionnage de Gemalto : le cynisme de M. Obama
A qui appartiennent les données numériques produites par chaque individu ? Aux entreprises qui les exploitent ? Aux individus ? A l’Etat ? A cette question fondamentale, le président Obama a répondu très clairement, le 15 février, à une publication américaine du high-tech, Re/code : « Je pense que l’on est propriétaire de ses données, a-t-il dit. Je suis propriétaire de mes données. Nous sommes propriétaires de nos données de santé, de nos données financières. »

Logiquement, ce qui est bon pour les citoyens américains vaut aussi pour les Européens. L’information selon laquelle les services de renseignement américains et britanniques ont allègrement intercepté des quantités considérables de données privées en volant des clés de cryptage des cartes SIM produites par la société française Gemalto, leader mondial dans ce secteur, n’en est donc que plus consternante. Le piratage et le vol des clés, révélé jeudi 19 février par The Intercept sur la foi de documents fournis par l’ancien agent de la CIA Edward Snowden, se sont faits à l’insu de Gemalto.

Distillées depuis 2013, les révélations de l’affaire Snowden sur l’étendue planétaire de la surveillance électronique pratiquée par la NSA, l’Agence de sécurité nationale américaine, ont ébranlé la confiance des consommateurs dans les géants américains de l’Internet, d’une part, et porté un rude coup à la crédibilité des autorités américaines dans leur capacité à protéger les citoyens des violations de leurs données privées, d’autre part. Mais ce que confirment les propos du président Obama, en même temps que les fuites sur le piratage de Gemalto, c’est que, à l’aune de Washington, il y a deux poids et deux mesures, selon que l’on est américain ou pas.
Une violation inadmissible

M. Obama assure, à propos de la surveillance de la NSA, « qu’il n’y a pas eu d’abus sur le sol américain ». Non seulement cela vaut aveu, a contrario, que des abus ont bien été commis hors du sol américain, et notamment en Europe, sans aucune forme de regret ni d’excuse, mais le président américain porte ensuite une accusation très révélatrice à l’égard des Européens. Pour M. Obama, en effet, l’indignation et le ressentiment exprimés en Europe à l’égard des Etats-Unis et de grands groupes du high-tech comme Google ou Facebook à la suite de l’affaire Snowden s’expliquent essentiellement par une sorte de jalousie commerciale à l’égard d’un pays, les Etats-Unis, qui sont « propriétaires de l’Internet » et de ses entreprises, qui en ont tiré une réussite incontestable. La réaction européenne, dit M. Obama, notamment en Allemagne, où elle est la plus virulente, « n’est pas tout à fait sincère. Parce que certains de ces pays ont des entreprises qui veulent supplanter les nôtres ».

Ce n’est pas seulement, de la part d’un président américain, méconnaître l’histoire, la culture et la psychologie des Européens ; c’est aussi faire preuve d’un cynisme qui n’est pas à la hauteur des enjeux transatlantiques actuels, en particulier dans la coopération antiterroriste. Oui, l’affaire Snowden a fait brutalement prendre conscience à l’Europe de son infériorité numérique par rapport aux groupes américains, et c’est à elle de rétablir l’équilibre. Mais la violation systématique des données privées des citoyens européens par une puissance étrangère, fût-elle alliée, n’est tout simplement pas admissible. Cela vaut pour nos amis d’outre-Manche autant que pour ceux d’outre-Atlantique.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Austria: Maybe Trump’s Tariff Bludgeon Was Good for Something after All

Canada: No, Joly, We Don’t Want America’s Far-Left Academic Refugees

Austria: Trump Ignores Israel’s Interests during Gulf Visit

Topics

Germany: Trump-Putin Call: Nothing but Empty Talk

Austria: The Harvard President’s Voluntary Pay Cut Is a Strong Signal

Canada: No, Joly, We Don’t Want America’s Far-Left Academic Refugees

Germany: Trump’s Selfishness

Austria: Trump Ignores Israel’s Interests during Gulf Visit

Germany: Trump’s Offer and Trump’s Sword

Canada: A Guide To Surviving the Trump Era

Related Articles

France: Donald Trump’s Dangerous Game with the Federal Reserve

China: White House Peddling Snake Oil as Medicine

France: Trump Yet To Make Progress on Ukraine

France: Tariffs: The Risk of Uncontrollable Escalation