Press in the Museum

Published in Le Monde
(France) on 04/09/08
by Corine Lesnes (link to originallink to original)
Translated from by Sarah Whorton. Edited by .
A new museum is opening its doors this week in Washington: the Newseum, or the Press Museum. It is a cube made of glass and metal, which the architect wanted to be transparent (like democracy).

The façade has the form of a giant screen. The first 45 words of the Constitution’s First Amendment are recorded on a marble page 22 meters tall. The First Amendment dates from 1791. For the first time, a government recognized the concept of freedom of the press.

The Newseum chose to open its doors during the peak of the Washington tourist season, when Japan’s cherry trees are in full bloom and when school children come from all over the country to learn about their presidents and institutions. It is located on Pennsylvania Avenue, between the White House and the Capitol. It claims the first amendment well, and it is difficult for it to conform line of national monuments.

It is a lot like the Disneyland of news: a helicopter suspended 20m above the ground, a “wall of videos” 27m long, three-dimensional projections. And unlike the Smithsonian Institution museums, it is not free (even if the foundation that runs it, Freedom Forum, is a non-profit organization). Entry is 20 dollars, like its neighboring Spy Museum, constructed in the same vein, half glorification of the CIA, half amusement for children.

The Newseum understands itself to be a forum in which the public and the media could attain “a better understanding of one another.” To this end, it presents 6,214 useful objects. This includes everything from a armored car used by Time Magazine in Bosnia to Daniel Pearl’s computer, the journalist from the Wall Street Journal assassinated in Pakistan, and passing by a piece of the antennae from the north tower of the World Trade Center on September 11, 2001, or the turquoise slippers from one of the first blog stars, Wonkette. In 2004, the blogger’s art was named “journalism in pajamas” (hence the slippers). Now, blogs belong instead to sweatshops on the Indian subcontinent. Hellish hours, little pay: on Sunday, the New York Times warned of a series of heart attacks among blog writers…

Recent errors in the media are presented with much delicacy by the Newseum. The most ridiculous headlines, collected by the prestigious review from Columbia’s journalism school, were written in the bathroom stalls.

And three mini-films summarize the question of anonymous sources, confabulations, and factual problems (“the ones that exasperate most people: when no one can spell their name correctly”). Commentaries are narrated by stars in the national press, who give proof of their habitual professionalism. The for, the against: everyone is placed on equal footing (and no one has an edge). The project, which cost 450 million dollars, is largely financed by the media itself. The major patrons (New York Times, Bloomberg, Time Warner) have rooms in their name.

The course of the war from 2002 to 2003 is treated as if it was only a problem of sources and not the manifestation of a general absence of critical spirit during a time of patriotic enthusiasm. Judith Miller, a New York Times investigator, has written much on Saddam Hussein’s weapons of mass destruction, the subject of a short film, “When anonymous sources are wrong.” That is all there is on Iraq, except for consulting the interactive databank that accompanies the wall where the names of journalists killed during their missions are written (1800 killed since 1837). Around one hundred Iraqis are included.

The Newseum also has an “ethics center.” It is an entertainment area. One can play the journalist with ethical questions. The visitor must respond to questions asked on a screen. One has to answer quickly, or lose endorsement: “You’re scooped!” Another scoop lost. A colleague grilled you. Some examples. “A hold up occurred. The editor wants to send you to the location. But your babysitter is in the list of suspects. Do you tell your boss?” Response: yes, that would be best. It’s a typical case of conflict of interest. Another example: “A rock star cancels a concert because of a sore throat. You learn that the true reason is that he drank too much. Your agent doesn’t want you to soil his reputation. What do you do?” If you decide not to publish, you are incorrect. “The public expects you to state the truth.”

Or take the mayor, for example. Someone filmed him with his cell phone when he was singing a silly song. It was during a private evening alone. It does not matter, you can release it without worry: “The mayor is always a public person.” On the other hand, if the police commissioner’s children say that their father often says that journalists should go to hell, this should not be published. “Children cannot be held accountable for their remarks.”

But if a well-known actor gets in his limousine and lights a cigarette when he just filmed an anti-tobacco campaign, stand strong. “He is a public figure in a public place.” No pity. One must not confuse ethics and the individual.


Un nouveau musée ouvre ses portes cette semaine à Washington : le Newseum. Ou Musée de la presse. C'est un énorme bloc de verre et de métal, que l'architecte a voulu transparent (comme la démocratie).

La façade a la forme d'un écran géant. Les 45 mots du premier amendement de la Constitution sont inscrits sur une page en marbre de 22 mètres de haut. Le premier amendement date de 1791. Pour la première fois, un gouvernement reconnaissait le concept de liberté de la presse.

Le Newseum a choisi d'ouvrir ses portes au pic de la saison touristique washingtonienne, quand les cerisiers du Japon sont en fleurs et que les écoliers viennent de tout le pays s'instruire sur leurs présidents et leurs institutions. Il s'est installé sur Pennsylvania Avenue, entre la Maison Blanche et le Capitole. Il a beau se revendiquer du premier amendement, il est difficile de l'inscrire dans la lignée des monuments nationaux.

C'est plutôt le Disneyland de l'info : hélicoptère suspendu à 20 m de haut, "mur de vidéos" de 27 m de long, projections en trois dimensions. Et contrairement aux musées de la Smithsonian Institution, il n'est pas gratuit (même si la fondation qui le dirige, Freedom Forum, est une entité à but non lucratif). L'entrée coûte 20 dollars, comme au Spy Museum voisin, le musée de l'espionnage, construit dans la même veine, mi-glorification de la CIA, mi-amusement pour enfants.

Le Newseum entend être un forum où le public et les médias peuvent parvenir à une "meilleure compréhension l'un de l'autre". A cette fin, il présente 6 214 objets utiles. Cela va d'un véhicule blindé utilisé par Time Magazine en Bosnie à l'ordinateur de Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal assassiné au Pakistan, en passant par un morceau de l'antenne qui se trouvait sur la tour nord du World Trade Center le 11 septembre 2001, ou les pantoufles turquoise d'une des premières stars des blogs, Wonkette. En 2004, l'art de bloguer était surnommé "journalisme en pyjama" (d'où les pantoufles). Maintenant, les blogs s'apparentent plutôt aux sweat-shops du sous-continent indien. Cadences infernales, rémunérations étiques : le New York Times s'alarmait dimanche d'une série de crises cardiaques parmi les auteurs de blogs...

Les erreurs récentes des médias sont présentées avec beaucoup de pudeur par le Newseum. Les titres les plus idiots, collectés par la prestigieuse revue de l'école de journalisme de Columbia, ont été inscrits dans le carrelage des toilettes.

Et trois mini-films suffisent à résumer la question des sources anonymes, des affabulations et des problèmes factuels ("ceux qui horripilent le plus les gens : que l'on ne puisse pas épeler correctement leur nom"). Les commentaires sont dits par les vedettes de la presse nationale, qui font preuve de leur professionnalisme habituel. Le pour, le contre : tout le monde est mis sur un pied d'égalité (et personne n'est plus avancé). Le projet, qui coûte 450 millions, est largement financé par les médias eux-mêmes. Les principaux mécènes (New York Times, Bloomberg, Time Warner) ont des salles à leur nom.

La course à la guerre de 2002-2003 est traitée comme s'il ne s'agissait que d'un problème de sources et non la manifestation d'une absence générale d'esprit critique à une époque d'emballement patriotique. Judith Miller, l'enquêtrice du New York Times qui a beaucoup écrit sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein, fait l'objet d'une vignette. "Quand les sources anonymes se trompent". C'est tout pour l'Irak. Sauf à aller consulter la banque de données interactive qui accompagne le mur où sont inscrits les noms des journalistes tués en mission (1 800 tués depuis 1837). Une centaine d'Irakiens en font partie.

Le Newseum propose aussi un "centre d'éthique". C'est un endroit de divertissement. On peut jouer au journaliste aux prises avec des problèmes déontologiques. Le visiteur doit répondre à des questions posées sur l'écran. Il faut aller vite, sauf à voir tomber la sanction : "You're scooped !" Encore un scoop raté. Un confrère vous a grillé. Quelques exemples. "Un hold-up a été commis. La rédaction veut vous envoyer sur les lieux. Or votre baby-sitter figure dans les suspects. Vous en avertissez votre chef ?" Réponse : oui, cela vaut mieux. C'est un cas typique de conflit d'intérêts. Autre exemple : "Une star de rock annule un concert à cause d'un mal de gorge. Vous apprenez que la vraie raison est qu'il avait trop bu. Son agent vous supplie de ne pas nuire à sa réputation. Que faites-vous ?" Si vous décidez de ne pas publier, vous avez tort. "Le public s'attend à ce que vous disiez la vérité."

Passons à M. le Maire. Un indiscret l'a filmé avec son téléphone portable alors qu'il chantait une chanson idiote. C'était dans une soirée privée. Peu importe, vous pouvez diffuser sans états d'âme : "Le maire est toujours une personne publique." En revanche, si les enfants du commissaire de police affirment que leur papa dit souvent qu'il aimerait bien que les journalistes aillent au diable, pas question de publier. "Les enfants ne peuvent pas être tenus pour comptables de leurs propos."

Mais si un acteur célèbre monte dans sa limousine et allume une cigarette alors qu'il vient de tourner une publicité antitabac, alors là, soyez ferme. "Il est une figure publique dans un endroit public." Pas de pitié. Il ne faut pas confondre l'éthique et l'humain.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Venezuela: Vietnam: An Outlet for China

Germany: Absolute Arbitrariness

Taiwan: Making America Great Again and Taiwan’s Crucial Choice

Russia: Political Analyst Reveals the Real Reason behind US Tariffs*

Germany: Cynicism, Incompetence and Megalomania

Topics

Mexico: EU: Concern for the Press

Austria: Musk, the Man of Scorched Earth

Germany: Cynicism, Incompetence and Megalomania

Switzerland: Donald Trump: 100 Days Already, but How Many Years?

     

Austria: Donald Trump Revives the Liberals in Canada

Germany: Absolute Arbitrariness

Israel: Trump’s National Security Adviser Forgot To Leave Personal Agenda at Home and Fell

Mexico: The Trump Problem

Related Articles

France: Donald Trump’s Dangerous Game with the Federal Reserve

France: Trump Yet To Make Progress on Ukraine

France: Tariffs: The Risk of Uncontrollable Escalation

France: Donald Trump’s Laborious Diplomatic Debut

France: Trump’s Greenland Obsession