Ces “affaires” qui pourraient faire perdre Hillary Clinton
Avant même d’affronter Trump, la candidate des démocrates a un sérieux obstacle à contourner. Il est judiciaire et met en cause son professionnalisme.
Le problème d’Hillary Clinton dans les semaines à venir est qu’elle a un sérieux boulet judiciaire, dont elle doit absolument se débarrasser. C’est l’affaire dite de ses e-mails. Un souci bien plus grave qu’il n’y paraît. Et cela passe même avant les manœuvres désespérées de Bernie Sanders qui ne veut pas cesser de lui mordre les chausses, et avant même d’affronter Donald Trump en un duel qui est loin d’être gagné d’avance.
Lorsqu’Hillary Clinton a été nommée secrétaire d’État de Barack Obama, le 21 janvier 2009, elle a exigé de garder son smartphone BlackBerry pour ses communications personnelles. Les responsables de la sécurité du bâtiment y ont consenti avec beaucoup de réticence. Mais à condition qu’elle le dépose dans un coffre chaque fois qu’elle allait dans ses bureaux au 7e étage du bâtiment, un espace de « Foggy Bottom » (le secrétariat d’État) baptisé la « Suite acajou », complètement sécurisé. C’est une obligation à laquelle la nouvelle secrétaire d’État n’a jamais vraiment accepté de se soumettre. En prétextant qu’elle recevait des « torrents » de mails de ses collègues, des parlementaires, de ses amis ou supporteurs. Au point que le 2 février, moins d’un mois après son arrivée, les responsables du renseignement – NSA et CIA – provoquent une réunion avec la chef de cabinet d’Hillary Clinton, Cherrie Mills. On lui expose les risques que le smartphone de la ministre soit piégé par un hacker qui le transformerait en micro. Ce qui s’était déjà produit il y a dix ans au département d’État avec un téléphone « hacké » par les Russes.
Des communications vulnérables
D’autant que les experts viennent de découvrir une autre faiblesse informatique du système de mails d’Hillary Clinton. Son smartphone est géré par un serveur privé, situé dans les sous-sols de sa maison de Chappaqua, dans l’État de New York. C’est d’ailleurs le serveur utilisé par la fondation de Bill, son mari. Avec une adresse fort peu originale qui lui est réservée : clintonemail.com. Et tout cela, évidemment, accroît la vulnérabilité de ses communications. Pourtant, en dépit de multiples requêtes des spécialistes du renseignement, madame Clinton ne se séparera jamais de son BlackBerry personnel. Pas plus qu’elle n’acceptera, comme on le lui propose, de rédiger et de recevoir ses e-mails via un ordinateur sécurisé dans son bureau. En revanche, la NSA n’a jamais accepté, comme elle le souhaitait, que lui soit attribué un téléphone hyper crypté, comme l’est celui du président Obama. Trop cher, lui a-t-on répondu.
Lorsque l’affaire des e-mails est révélée il y a dix mois par le New York Times, elle provoque immédiatement des plaintes d’une association, Judicial Watch. Celle-ci estime, au nom du Freedom of Information Act, que ce système de smartphone personnel a peut-être permis, quand Hillary Clinton était en fonction, que soient dissimulés des documents intéressant la sécurité nationale. Et éventuellement soustraits aux archives des éléments historiques importants. Une enquête du FBI est lancée. Depuis juillet 2015, des dizaines de collaborateurs de madame Clinton ont été entendus. Des milliers de mails (plus de 50 000, paraît-il) ont été récupérés de son serveur privé. Un travail colossal dont le juge Emmet G. Sullivan, qui dirige les 150 enquêteurs mobilisés, s’est déjà plaint qu’il coûtait des milliers de dollars au contribuable américain.
Rien n’est joué
Maintenant, Hillary Clinton va être entendue dans les tout prochains jours par les enquêteurs. Le juge l’a annoncé, après avoir interrogé la semaine dernière Huma Abedin, la conseillère la plus proche d’Hillary Clinton. Jusqu’ici, le magistrat reconnaît que rien de délictueux ne peut être retenu contre l’ancienne secrétaire d’État. Sauf un manquement évident à des règles de sécurité indispensables à un tel niveau. « Me servir de mon propre smartphone était une facilité de travail. Cela m’évitait d’en avoir un pour mes e-mails personnels et un autre pour ceux du département d’État », s’est défendue Hillary Clinton. Dans la bataille sans pitié qui l’attend contre Donald Trump, on voit bien le parti que celui-ci n’hésitera pas à tirer de cette affaire d’e-mails et de l’imprudence de la candidate démocrate. Même si l’attorney général décide à la fin de l’enquête de ne pas la poursuivre. Hillary Clinton a fait de son professionnalisme son meilleur argument devant un homme qui n’a exercé aucun mandat électif, aucune responsabilité politique, et dont la connaissance des dossiers est pour le moins succincte. Madame Clinton se retrouve aujourd’hui en position de faiblesse. Autant dire que la présidentielle n’est pas encore jouée aux États-Unis.
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