Angry white men were a hot topic during the election campaign. They were the ones who largely elected Donald Trump on Tuesday.
It is easy to generalize and say that Trump supporters are uneducated, misogynist, and homophobic, and that they dream of having it out with Muslims and other immigrants. But the situation is more complex.
I went to West Virginia during my trip to the United States in October. I only met Trump-supporting angry white men and women while I was there. I didn't run into a single Hillary Clinton supporter.
West Virginia, a state that is 94 percent white, is suffering its worst crisis ever. Its economy depends mostly on coal mines, which are closing one after the other. By waging war on polluting forms of energy, the Democrats decimated the industry. Obama adopted new, lower carbon emission targets for coal-fired power plants: a 20 percent reduction by 2030. The results were quickly felt—more people were laid off and thrown onto the street.
Madison, a hard-hit mining town, looked almost apocalyptic. Businesses were boarded up; its main street was dotted with McDonald's restaurants and other fast-food franchises. They are the only ones capable of surviving in this little town which is on its last legs.
I met desperate mining families, people falling through the cracks, unemployed people unable to retrain and enter other job sectors. Some seemed almost ashamed to say they were going to vote for Trump.
Supporting Hillary was absolutely out of the question because the Democrats "destroyed our state." Trump promised that he would revive the industry. They believed him.
The voters of this long-Democratic fallen coal kingdom threw themselves into Trump’s arms: 69 percent voted for him, while 26 percent chose Hillary.
Not all U.S. states are like West Virginia. Quite the opposite, actually. Obama will be leaving the country in a relatively good state: unemployment below 5 percent, satisfactory economic growth.
So why are white men so angry? Where did this tsunami come from to destroy the polls and other analyses that blindsided us with their predictions of a Clinton victory?
How can we explain Trump's triumph? What happened on Tuesday? Was it the visceral suspicion of Americans rejecting the traditional political elite? "We should add reality TV, social networks, and the emotional bond between Trump and his electoral base," said Charles-Philippe David, president of a United States research center at the University of Quebec at Montreal.
Be that as it may, why vote for Trump, who lied through his teeth, promising everything and anything, a model misogynist, a racist who wants to build a wall between Mexico and the United States. a billionaire who boasts about not having paid taxes in years and who has often gone bankrupt? Why? Who knows? I'm just as stumped as you.
Now what? Trump’s party controls both the House of Representatives and the Senate — all of Congress. He’ll also get his mitts on the Supreme Court. One of the nine seats is vacant. You don't need supernatural powers to know he'll name ultraconservative judges.
Will Trump pursue his agenda? Build the infamous wall? Hunt down illegal immigrants? Wield a hatchet to free trade agreements? Challenge abortion rights legalized in 1973? Withdraw from the international coalition fighting the Islamic State in Iraq and Syria?
Will he be unpredictable, inappropriate, and dangerous? Or pressured by the burdens of responsibility, will he decide not to be an international hell-raiser and destroy Obama's legacy?
"I don't believe Trump will change," said David. "Do you really think he'll say, ‘Did you really believe everything I said during the election campaign?'"
It's truly the stuff of nightmares. Who will stop this man? Who can oppose Trump when he controls all the levers of power?
"Opposition will come from within the Republican Party," said David. "The moderates versus the radicals."
So opposition will come from within his own entourage. There will be some lovely family squabbles to look forward to, fortunately for democracy.
Trump's election is part of the backlash and the wave of populism spreading across Europe. The United Kingdom turned its back on the European Union in June after its notorious Brexit referendum. Yesterday, Americans had their own Brexit: backwardness, protectionism, anti-immigration, fear ...
In an article published in La Presse, political scientist Jean-Herman Guay discussed the dangers of the alarmist refrain, "Everything is going wrong, everything is going very wrong." The rise of extremism has spread far and wide thanks to this kind of scaremongering. Austria flirted with the extreme right, which nearly took power, and Marine Le Pen's meteoric rise is threatening France's traditional parties. Now this wave of extremism has hit the United States at full tilt.
These alarmists call for "extreme solutions" and a "radical, determined leader," said Guay. Its roots are in, among other things, social media and "this post-truth world, where emotions are more important than arguments."
Trump has made it his bread and butter. Half of Americans voted for him. They think things will get better. They believe in him, a man who shamelessly spouted bald-faced lies during the election campaign. And that's the worst part.
On a beaucoup parlé de la colère de l'homme blanc (angry white man) pendant la campagne électorale. C'est lui, en grande partie, qui a élu Donald Trump mardi.
Facile de généraliser en affirmant que les partisans de Trump sont non éduqués, misogynes, homophobes et qu'ils rêvent d'en découdre avec les musulmans et autres immigrants. La réalité est plus complexe.
Je suis allée en Virginie-Occidentale pendant ma tournée aux États-Unis en octobre. En fait, je n'ai rencontré que ça, des angry white men/women pro-Trump. Je n'ai pas croisé un seul partisan d'Hillary Clinton.
La Virginie-Occidentale, un État blanc à 94 %, est plongée dans la pire crise de son histoire. Son économie repose essentiellement sur les mines de charbon qui ferment les unes après les autres. En déclarant la guerre aux énergies polluantes, les démocrates ont décimé l'industrie. Obama a adopté de nouvelles cibles pour diminuer les émissions de carbone des centrales au charbon : une baisse de 20 % d'ici 2030. Le résultat ne se fera pas attendre : davantage de mises à pied et de gens jetés à la rue.
Madison, une ville minière durement touchée, avait des airs de fin du monde : des commerces fermés, une rue principale parsemée de McDonald's et autres fast food, les seuls capables de survivre dans cette petite localité à bout de souffle.
J'ai rencontré des familles de mineurs désespérées, des laissés pour compte du système, des chômeurs incapables de se recycler. Certains avaient presque honte de me dire qu'ils allaient voter pour Trump.
Pas question d'appuyer Hillary, insistaient-ils, car les démocrates ont « détruit notre État ». Trump leur a promis de redémarrer l'industrie. Ils l'ont cru.
Dans ce royaume déchu du charbon, longtemps démocrate, les électeurs se sont jetés dans les bras de Trump : 69 % ont voté pour lui, comparativement à 26 % pour Hillary.
Les États américains ne sont pas tous à l'image de la Virginie-Occidentale. Au contraire. Obama laisse un pays relativement en santé : moins de 5 % de chômage, une croissance économique honorable...
Pourquoi, alors, cette colère de l'homme blanc ? D'où vient cette lame de fond que personne n'a vue venir et qui a pulvérisé les sondages et autres analyses qui prédisaient une victoire de Clinton ?
Comment expliquer la victoire de Trump ? Que s'est-il passé mardi ? Méfiance viscérale des Américains qui rejettent les élites politiques traditionnelles ? « Il faut ajouter la téléréalité, les réseaux sociaux et le lien affectif entre Trump et sa base électorale », précise Charles-Philippe David, président de l'Observatoire sur les États-Unis à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
N'empêche, pourquoi voter pour Trump qui a menti comme un arracheur de dents, qui a promis tout et son contraire, un misogyne fini, un raciste qui veut construire un mur entre le Mexique et les États-Unis, un milliardaire qui se vante de ne pas avoir payé d'impôts pendant des années et qui a souvent fait faillite ? Pourquoi ? Fouillez-moi, je suis aussi perdue que vous.
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Et maintenant, que va-t-il se passer ? Trump contrôle le Congrès, soit la Chambre des représentants et le Sénat. Il va aussi faire main basse sur la Cour suprême. Sur les neuf sièges, deux sont vacants. Pas besoin d'être devin pour comprendre que le futur président va nommer des juges ultraconservateurs.
Trump va-t-il réaliser son programme ? Ériger le fameux mur ? Pourchasser les immigrants illégaux ? Mettre la hache dans le traité de libre-échange ? Remettre en question le droit à l'avortement acquis depuis 1973 ? Se retirer de la coalition internationale qui combat le groupe armé État islamique en Irak et en Syrie ?
Sera-t-il imprévisible, intempestif, dangereux, ou deviendra-t-il, sous le poids de la charge, un président qui ne foutra pas le bordel sur la scène internationale et qui ne massacrera pas l'héritage d'Obama ?
« Je ne crois pas en la transformation de Trump. Pensez-vous qu'il dira : "Vous avez vraiment cru tout ce que je vous ai dit pendant la campagne électorale ?" »
- Charles-Philippe David, président de l'Observatoire sur les États-Unis, à l'UQAM
Il y a de quoi alimenter les pires cauchemars. Qui va freiner cet homme ? Où sera le contre-pouvoir puisqu'il contrôlera tous les leviers à Washington ?
« L'opposition va venir des républicains, croit Charles-Philippe David. Les modérés contre les radicaux. »
Donc, de son propre sérail. Belles chicanes de famille en perspective. Heureusement pour la démocratie.
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L'élection de Trump est cohérente avec le mouvement de repli et la vague de populisme qui soufflent sur l'Europe. Le Royaume-Uni a tourné le dos à l'Union européenne en juin avec son fameux référendum, le Brexit. Hier, les Américains ont vécu un Brexit à la sauce américaine : repli, protectionnisme, discours anti-immigrant, peur...
Le politologue Jean-Herman Guay, dans un texte publié dans La Presse, a parlé des dangers du catastrophisme qui entonne toujours le même refrain : tout va mal, tout va très mal. La montée des extrêmes s'en nourrit et ratisse large : l'Autriche a flirté avec l'extrême droite qui a failli prendre le pouvoir, Marine Le Pen casse la baraque en France et menace les partis traditionnels. Aujourd'hui, cette montée des extrêmes frappe de plein fouet les États-Unis.
Ce catastrophisme appelle des « solutions extrêmes » et un « leader radical et déterminé », précise Jean-Herman Guay. Il prend racine, entre autres, dans les médias sociaux et dans cette « ère post-factuelle où ce sont les humeurs qui tiennent lieu d'arguments ».
Trump en a fait son pain et son beurre. La moitié des Américains ont voté pour lui. Ils pensent que tout ira mieux. Ils le croient, lui, le menteur, qui a fait fi de la vérité de façon éhontée pendant la campagne électorale. C'est ça qui est le plus troublant.
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