Overdoses, Violence, Inequalities: In the US, The Pandemic Worsens the Social Crisis

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Overdoses, violence, inégalités : aux Etats-Unis, la pandémie a renforcé la crise sociale

Le pays a vu le nombre d’overdoses exploser l’an dernier, alors que les confinements isolaient de plus en plus d’Américains. Les violences sont aussi en hausse. Le Covid a accentué les profondes divisions et le mal-être d’une partie de l’Amérique.

Mesurer toutes les conséquences de la crise du Covid prendra du temps. Mais les Etats-Unis en montrent déjà un aperçu. L’espérance de vie y a reculé, l’an dernier, de 1,5 an, la plus forte baisse depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle est désormais de 77,3 ans, contre 78,8 ans il y a un an.

Les trois quarts de ce recul sont dus à la pandémie . Près de 610.000 Américains ont trouvé la mort, dont 375.000 en 2020, selon les chiffres des Centres de prévention des maladies (CDC). L’an dernier, le Covid était ainsi la troisième cause de décès aux Etats-Unis, derrière les maladies cardiaques et le cancer.

Certaines catégories de populations ont été encore plus exposées : les Afro-Américains ont perdu en moyenne 2,9 années de vie et les Hispaniques trois ans – alors même que ces derniers ont, en temps normal, une espérance de vie plus longue que les Afro-Américains ou les Blancs non hispaniques. Elle est ainsi tombée à 78,8 ans, contre 81,8 ans pré-pandémie.

Les minorités plus exposées

« Le Covid a été responsable pour 90 % de la chute de l’espérance de vie chez les Hispaniques », dit le rapport des CDC. « Ils étaient plus exposés au risque d’infection. Les gens qui travaillent dans le secteur des services ne pouvaient pas faire de télétravail », note Elizabeth Arias, l’une des auteures du rapport. Alors que l’écart se réduisait entre Blancs et minorités ces dernières années, toutes ces améliorations ont été réduites à néant par le Covid.

L’autre facteur qui explique cette chute brutale de l’espérance de vie est le nombre croissant d’overdoses. Le nombre de morts par surconsommation de stupéfiants a explosé l’an dernier, à 93.331. C’est 30 % de plus qu’en 2019, la plus forte hausse depuis trente ans. Les décès ont en particulier augmenté à partir de mars 2020, quand la plupart des Etats américains ont commencé à décréter des confinements.

Les violences augmentent

La plupart de ces overdoses sont liées aux opioïdes, un fléau qui touche l’Amérique depuis de nombreuses années et que les différentes politiques ont échoué, jusqu’ici, à enrayer. Sur les 93.331 décès, 57.550 sont attribués aux opioïdes synthétiques, en particulier le fentanyl. C’est 54 % de plus qu’en 2019. Certains laboratoires se sont engagés à stopper la production des anti-douleurs les plus dangereux et les plus addictifs, dont Johnson & Johnson dans un accord à 26 milliards de dollars passé avec plusieurs Etats qui avaient porté plainte.

Les overdoses liées à la consommation de cocaïne et d’amphétamines ont aussi bondi. La pandémie a renforcé l’isolement de certains et accentué un phénomène qui empoisonnait déjà la société américaine avant la crise. Sous l’effet des opioïdes et la détérioration du système de santé, l’espérance de vie avait d’ailleurs déjà commencé à reculer depuis 2015.

D’autres facteurs ont fait augmenter la mortalité l’an dernier, comme les violences, sur fond de tensions sociales. Les homicides, en baisse depuis plus de vingt ans sur l’ensemble du territoire, sont repartis à la hausse. Pour la première fois depuis 1995, ils ont dépassé la barre des 20.000, soit 4.000 de plus qu’en 2019. Ces violences se sont surtout concentrées dans les quartiers les plus pauvres, afro-américains notamment, qui paient le plus lourd tribut aux violences par armes à feu. Une ville comme Philadelphie a vu le nombre d’homicides par balles bondir de 40 % l’an dernier.

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