Obama et l’Europe
L’équipe de politique étrangère qu’a présentée Barack Obama, lundi 1er décembre, n’a surpris personne. Les fuites sciemment distillées à la presse au cours des derniers jours avaient pour but de préparer l’arrivée d’Hillary Clinton au département d’Etat et le maintien du républicain Robert Gates à la défense. Mais surtout, aucun visage nouveau n’est apparu, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre d’un président élu qui, candidat, avait promis le changement.
Certes, la diplomatie que va mener M. Obama se distinguera, et c’est heureux, de celle de George W. Bush. Toutefois, loin de laisser prévoir une révision déchirante, ces nominations annoncent un retour à une tradition centriste et bipartite de la politique étrangère américaine.
Pour les Européens, qui ont essayé d’anticiper les choix du futur président en lui présentant d’avance quelques requêtes, ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. Les relations transatlantiques seront moins tendues qu’avec M. Bush, mais les Européens auront perdu un prétexte pour se démarquer des Etats-Unis. La nouvelle administration ne leur fera pas de cadeaux – M. Obama, comme Mme Clinton, donnera la priorité aux entreprises américaines pour les contrats publics -, et, en même temps, elle sera plus exigeante avec eux.
L’Afghanistan sera le premier test de la bonne volonté européenne. M. Obama en a fait le centre de la lutte contre le terrorisme. Il est prêt à y envoyer plus de forces et attend des Européens qu’ils augmentent leurs contingents. Pourront-ils résister aux pressions d’un président dont ils ont bruyamment salué l’élection ? Avec l’Iran, M. Obama s’engagera sur la voie d’un dialogue plus prudemment qu’il ne l’a laissé entendre pendant la campagne. Les Européens n’en sont pas moins inquiets, et le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, est allé dire à Washington, dans des termes diplomatiques mais sans équivoque, qu’une négociation bilatérale Etats-Unis – Iran contrarierait les efforts – vains, il est vrai – des Européens pour amener les Iraniens à renoncer à leur programme nucléaire militaire.
Enfin, M. Obama a proclamé sans ambiguïté sa volonté de restaurer le leadership américain sans évoquer le monde multipolaire si prisé de ce côté-ci de l’Atlantique.
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