Le locataire de la Maison-Blanche a signé mardi 16 juin un décret visant à encourager les polices américaines à se réformer. Au Congrès, démocrates et républicains semblent déterminés à agir vite.
Que prévoit le décret signé par Donald Trump ?
Pressé par de mauvais sondages – moins d’un Américain sur trois juge positive la réaction de Donald Trump à la mort de George Floyd – le locataire de la Maison-Blanche a tenté de reprendre la main, mardi 16 juin, en signant un décret visant à réformer les polices américaines. Aux États-Unis, la police n’est pas du ressort de Washington mais des autorités locales (comtés, municipalités et États). Le pays compte environ 18 000 polices.
C’est par le biais des subventions fédérales que Donald Trump compte agir. Le décret signé mardi demande au ministère de la justice d’imposer de nouvelles conditions aux polices locales pour pouvoir bénéficier de ces fonds. Il ne s’agit donc pas d’imposer de nouvelles mesures, mais d’encourager les agents sur le terrain à respecter les « normes professionnelles les plus élevées », selon les mots de Donald Trump.
Parmi ces nouvelles conditions figurent l’interdiction des prises d’étranglement – sauf en cas de danger pour la vie du policier – « la formation sur l’usage de la force et les techniques de désengagement », et le partage des données sur les agents connus pour leurs mauvaises pratiques.
Quelles réactions a suscité ce décret ?
Si certains ont salué la rapidité avec laquelle la Maison-Blanche avait réagi, de nombreux observateurs ont dénoncé la timidité du décret présidentiel. Le président n’a, par exemple, pas réactivé une politique très utilisée par Bill Clinton et Barack Obama, qui permet au ministère de la justice d’attaquer devant les tribunaux des polices locales en cas de biais systémique contre les minorités.
Lors de la signature, il était d’ailleurs entouré de représentants de forces de l’ordre, non de membres de familles de victimes, rencontrés un peu plus tôt en privé. Dans son intervention, Donald Trump est resté muet sur la question du racisme et s’est surtout attaché à défendre la police. Seul un « très petit » nombre d’agents commet des fautes, a-t-il affirmé.
« Avec ce décret, la Maison-Blanche donne tout de même une impulsion symbolique, analyse Didier Combeau, essayiste spécialiste des États-Unis (1). Le texte mentionne des éléments demandés par les partisans de la réforme, comme une meilleure formation ou la constitution d’un fichier des mauvais policiers. C’est un pas en avant, mais limité. »
Où en sont les débats au Congrès ?
À Washington, les deux chambres du Congrès ont engagé sans attendre leurs propres réflexions en matière de réformes de la police. Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, préparent un texte ambitieux, qui pourrait être adopté dès la semaine prochaine.
Les républicains, qui contrôlent le Sénat, planchent de leur côté sur un projet plus proche du décret présidentiel. Le dossier a été confié au seul sénateur républicain noir, Tim Scott, qui envisage un vote avant la fête nationale du 4 juillet.
Ces deux projets de loi, tels qu’ils se dessinent, sont très éloignés l’un de l’autre. Or, une loi ne peut entrer en vigueur que si le même texte est adopté par les deux chambres du Congrès. Pour l’heure, les leaders démocrates et républicains ne semblent pas enclins au compromis.
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