With the Supreme Court as a top political weapon, Donald Trump and his loyal Cabinet member, William Barr, asked the court at the end of June to repeal the Affordable Care Act, the law reforming the health care system known as “Obamacare,” in its entirety. Should the justices agree, at least 23 million Americans will lose their health insurance. Tens of millions of others who lost their jobs because of the pandemic-induced economic crisis will also be affected. And 10s of millions more will once again see health insurance companies deny them coverage because of preexisting conditions. The request is especially absurd, since the Republicans do not have a plan to replace the ACA.
They have already asked the Supreme Court twice before – and without success – to strike down this health care law passed under Barack Obama in 2010. Their approach this time around is more of a threat. The U.S. government joined Texas and 17 other states to contest the constitutionality of “Obamacare.” We are expecting the court to hear oral arguments in the fall, at the height of the presidential campaign and in a context where, in all likelihood, the public health crisis will still be intense.
The approach is in line with the judicial-style guerilla warfare tactics that the president used to get two conservative justices, Neil Gorsuch and Brett Kavanaugh, on the Supreme Court. It is difficult, though, to understand in what specific way this attack on “Obamacare” will help Trump electorally. It was, after all, by promising to expand health care coverage that the Democrats won back a majority in the House of Representatives in the 2018 midterms. If the Supreme Court gives in to the Republicans’ arguments, that will open a gaping hole in America’s already-deficient social safety net. The Republicans have succeeded before in cultivating popular opposition to “Obamacare.” Today, this opposition is much less fierce than it once was.
Unfortunately, Trump has the strongest support when it comes to the Republican war on abortion rights. Nonetheless, even though the Supreme Court clearly leans to the right today, it does not blindly obey the president – close as the majority of justices may be to his positions. Holding the power within a divided court, the influential Chief Justice John Roberts, nominated by George W. Bush in 2005, follows, so to speak, his own game plan. “We do not have Obama judges or Trump judges, Bush judges or Clinton judges,” he judged it necessary to remind the president in 2018. Which is more or less true. The distance that he displays from this particularly dangerous president, fragile and relative though it may be, is still good news for the separation of powers.
Similarly, in the saga of the tax returns that the president refuses to make public, he was told last week in an almost unanimous decision that he does not enjoy “absolute immunity.” This decision obviously made him angry, but it does not require him, for the moment, to make these documents public.
It is also in a similar fashion that the Supreme Court made three surprising decisions in June – expanding LGBTQ rights, protecting “Dreamers”* and striking down a Louisiana law limiting access to abortion; 5-to-4 decisions where the conservative Roberts tipped the balance by voting with the Court’s four progressive justices. Nonetheless, all these so-called liberal decisions did not stop the court from ruling on July 8 that employers with a moral or religious objection are exempt from the ACA’s requirement that they provide birth control free of charge to their employees.
What does it all mean? It means that in this place of power that is the Supreme Court, Chief Justice Roberts is a tactician who takes small steps, steps that are all about pulling the court to the right. He is 65; he can take his time. In the case of the Louisiana law, trapped by the court’s own precedent, he certainly did not vote with the progressive wing out of pro-abortion rights conviction. The fact is that at least 16 anti-abortion laws are currently waiting for appeals courts to review them; that is the last step before the Supreme Court. For all that defenders of abortion rights may have modestly celebrated the decision on the Louisiana law, they are conscious of having only won a battle in a war that is far from over.
*Editor’s note: “Dreamers” refer to young immigrants living in the country illegally who were brought here as children.
La Cour suprême étant pour lui une arme politique de premier plan, Donald Trump et son obligé ministre de la Justice, Bill Barr, ont demandé fin juin à la Cour d’abroger l’entièreté de l’Affordable Care Act (ACA), cette réforme du système de santé connue sous le nom d’Obamacare. Que les juges acquiescent et ce sont au bas mot 23 millions d’Américains qui perdraient du jour au lendemain leur assurance maladie. Des dizaines de millions d’autres, ayant perdu leur emploi pour cause de crise économique induite par la pandémie de coronavirus, seraient également touchées. Et des dizaines de millions d’autres encore verraient de nouveau les compagnies d’assurances pouvoir refuser de les assurer sur la base «de conditions de santé préexistantes». L’initiative est tout à fait aberrante, d’autant que les républicains n’ont pas de solution de rechange à l’ACA.
Ces derniers se sont attaqués par deux fois déjà en Cour suprême à cette réforme de la santé adoptée sous Barack Obama en 2010 — sans parvenir à la démolir. La démarche est cette fois-ci plus menaçante. Le gouvernement américain s’est joint au Texas et à 17 autres États pour contester la constitutionnalité de l’Obamacare. On s’attend à ce que la Cour suprême entende la cause à l’automne, au plus fort de la campagne présidentielle et dans un contexte où, de toute vraisemblance, la crise sanitaire demeurera aiguë.
La démarche s’inscrit dans la guérilla judiciaire menée par le président à la faveur de la nomination des deux juges conservateurs Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh qu’il a fait entrer à la Cour suprême. Difficile cependant de comprendre, en l’occurrence, en quoi l’offensive contre l’Obamacare lui sera électoralement utile. C’est après tout en promettant d’élargir l’accès aux soins de santé que les démocrates ont regagné la majorité des sièges à la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat de 2018. Que la Cour suprême cède aux arguments républicains et cela ouvrirait un trou béant dans le filet social déjà déficient des Américains. Les républicains ont réussi en d’autres temps à cultiver l’opposition populaire contre l’Obamacare. Cette opposition est aujourd’hui autrement moins vive qu’elle ne l’était.
C’est encore sur le terrain de la guerre républicaine contre le droit à l’avortement que M. Trump est malheureusement le plus solide. Pour autant, que la Cour suprême penche aujourd’hui clairement à droite n’en fait pas le serviteur béat du président, si proche de ses positions que soit la majorité des juges. Tenant le pouvoir au sein d’une Cour divisée, l’influent juge en chef John Roberts, nommé par George W. Bush en 2005, suit pour ainsi dire son propre plan de match. “Il n’y a pas de juges Obama ou de juges Trump, de juges Bush ou de juges Clinton”, avait-il cru bon de rappeler au président en 2018. Ce qui est plus ou moins vrai. Encore heureux quand même pour le principe de la séparation des pouvoirs qu’il affiche une certaine distance vis-à-vis de ce président particulièrement dangereux, cette indépendance fût-elle par essence fragile et relative.
Et c’est ainsi que, dans la saga des rapports d’impôts que le président refuse de rendre publics, ce dernier s’est fait dire la semaine dernière dans un jugement quasi unanime qu’il ne bénéficiait pas d’une “immunité absolue”. Ce qui l’a évidemment mis en colère, mais ce qui ne l’oblige toujours pas, pour l’heure, à rendre publics ces documents.
Et c’est ainsi que la Cour a également pris en juin trois décisions surprenantes — élargissant les droits LGBT, protégeant les jeunes immigrants arrivés enfants aux États-Unis (les Dreamers) puis désavouant une loi de la Louisiane qui limitait l’accès à l’avortement. Des décisions rendues sur division (5-4) où le conservateur Roberts a fait pencher la balance en votant aux côtés des quatre juges progressistes de la Cour. Et autant de jugements dits libéraux qui n’ont pas empêché la Cour, en revanche, de confirmer la semaine dernière une politique fédérale libérant les employeurs qui ont des objections morales ou religieuses de l’obligation prévue dans l’ACA de fournir gratuitement des moyens de contraception à leurs employés.
Qu’est-ce à dire ? Qu’en ce lieu de pouvoir qu’est la Cour suprême, le juge Roberts est un tacticien qui applique la stratégie des petits pas, s’agissant de tirer la Cour vers la droite. Il a 65 ans, il peut prendre son temps. Dans la cause louisianaise, piégé par des contraintes de jurisprudence, il n’a certainement pas voté avec l’aile progressiste par conviction pro-choix. Le fait est qu’au moins seize causes anti-avortement attendent actuellement d’être entendues en Cour d’appel, dernière étape avant la Cour suprême. Si bien que les défenseures du droit à l’avortement se sont modestement réjouies du jugement au sujet de la Louisiane, conscientes de n’avoir gagné qu’une bataille dans une guerre qui est loin d’être finie.
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